Si nous n'étions pas si modestes, à la rédaction du « Moniteur », nous affirmerions que l'Equerre a souvent eu le nez creux. Le prix a ainsi salué le talent des quatre architectes français qui ont ensuite décroché ce qui est considéré, dans la discipline, comme le prix des prix : le Pritzker. Si l'Equerre est un César, le Pritzker, c'est Hollywood et ses Oscars. La récompense américaine a été attribuée à Christian de Portzamparc en 1994, à Jean Nouvel en 2008 et au duo formé par Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal l'année dernière.
Même Rem Koolhaas, fondateur de l'agence néerlandaise OMA, et l'Italien Renzo Piano ont été équerrisés avant d'être pritzkerizés. Sinon, nos jurés ont été au diapason avec la fondation américaine : les agences Herzog & de Meuron et Grafton ont décroché les deux trophées la même année. On s'en voudrait d'avoir l'air taquin avec le jury du prix japonais Praemium Imperiale, mais il n'a distingué que cette année ses compatriotes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, notre Equerre 2013, tandis que Dominique Perrault était intronisé par la famille impériale en 2015, vingt-cinq ans après avoir reçu l'Equerre pour l'hôtel industriel Berlier, à Paris. Ce jeu de comparaisons fonctionne aussi plutôt bien avec la liste des Grand prix nationaux d'architecture. Visionnaires, on vous dit.
