Le recours à la traction animale fait partie de la panoplie écologique mise en œuvre pour mettre le bois de Vincennes à l’heure de la gestion durable. Les ouragans de 1999 et les épisodes successifs de canicule ont renforcé la prise de conscience de la nécessité de protéger un riche patrimoine biologique et paysager. Dans le domaine des arbres, les nouvelles méthodes de gestion écologique sont apparues à partir de 2005, avec la fauche différenciée pour les bords de rivière et de lac, les prairies et lisières forestières et une régénération principalement naturelle des ligneux, afin de favoriser le développement d’essences adaptées au milieu. La qualité de cet engagement environnemental a été reconnue par la certification , qui définit les critères d’un système de management environnemental, en 2010, et le label EcoJardin, en 2014 et en 2015, selon les lieux.
Calmes et dociles
Le recours à des chevaux de trait pour les travaux en secteur boisé, en substitution à l’utilisation d’engins motorisés, constitue un atout pour préserver les milieux fragiles, en limitant notamment la compaction des sols. De fait, il permet de réduire globalement l’empreinte carbone des opérations d’entretien. L’atelier des chevaux de trait est installé au cœur de l’espace forestier depuis 1999. Il intervient sur près de la moitié de la superficie du bois. Rattaché à direction des espaces verts et de l’environnement de la ville de Paris et encadré par Jean-Claude Carretier, il mobilise cinq jardiniers formés aux soins et à la conduite des animaux, ainsi que quatre chevaux de trait Ardennais. Ces animaux ont d’abord été choisis au regard de leur taille relativement petite pour des chevaux de trait 1,50 m à 1,55 m au garrot, ce qui leur permet de pénétrer aisément dans les boisements. Un tempérament calme et docile fait également partie des atouts de la race pour travailler dans un espace public qui accueille près de 12 millions de visiteurs par an. Les animaux travaillent tous les jours de la semaine, y compris le dimanche durant la période estivale. Attelés avec un fardier à grumes équipé de roues, ils peuvent effectuer des opérations de débardage et de transport de bois. Ainsi, chaque année, l’atelier abat, débite et transporte plus de 800 perches et brins, 300 grumes et 100 stères de bois de chauffage. Autour du lac Daumesnil, une remorque équipée d’un bras de grue sert à collecter les poubelles. Il faut une journée à deux pour effectuer le relevage et le vidage des 50 conteneurs de 300 l, une opération toutefois plus rapide qu’avec une camionnette, grâce à la plus grande contenance de la remorque. Les agents constatent le bénéfice social généré par leurs efforts : leur relation avec le public s’améliore, de même que le respect des lieux. Durant la saison végétative, de mai à septembre, environ 400 jeunes arbres et 800 m2 de massifs d’arbustes sont arrosés à raison d’un passage tous les dix jours, à l’aide d’une outre souple de 2 200 l installée dans une remorque tri-benne. Enfin, les chevaux réalisent le hersage de 11 km de pistes cavalières, tous les vingt jours, tout au long de l’année. Cette prestation assure le confort des quelque 800 cavaliers qui fréquentent le bois. Outre ses avantages sociaux et écologiques, l’utilisation de chevaux pour l’entretien de grands espaces végétalisés allège le budget consacré à l’achat et à l’entretien de matériels. Cependant, le travail avec des chevaux ne s’improvise pas ! La présence de deux personnes qualifiées est recommandée : un cocher qui mène le cheval et un accompagnateur qui réalise les tâches. Les qualifications en la matière sont le galop 4 ou 5 d’attelage et le certificat de spécialisation agricole « utilisateur de chevaux attelés », respectivement délivrés par la Fédération française d’équitation et le ministère de l’Agriculture.

