« Déplacements et ville campus au cœur d’un projet urbain ambitieux et cohérent »

Pierre Cohen, Député maire de Toulouse, président de la Communauté d’agglomération du grand Toulouse

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L’agglomération toulousaine est à un tournant de son développement. Que voulez-vous changer à la tête de cette future communauté urbaine ?

D’une manière générale, cette ville a énormément de talents, d’atouts économiques, avec son université et des citoyens très actifs sur le plan social. Ce qui est déterminant dans notre projet, c’est le volontarisme des élus pour qu’il y ait une cohérence entre tous ces talents, comme à Grenoble ou à Nantes, où le politique a accompagné leur mise en valeur. On ne peut plus laisser faire le marché, que ce soit dans l’économie ou la recherche. Il faut un volontarisme politique.

Quelles sont vos priorités ?

Nous allons combler le déficit ­d’offre de transports en commun. Toulouse est une très grande agglomération en superficie, et on ne peut régler le problème avec deux lignes de métro. Le transport est un vecteur de lien entre quartiers et acteurs économiques de proximité.

Vous remettez en cause ­l’endettement zéro du mandat précédent ?

Toulouse n’est pas endettée, mais la situation financière de l’agglomération est très contrainte, et le syndicat mixte des transports (SMTC) était à deux doigts de la cessation de paiement. Il faut rééquilibrer tout cela et s’endetter au moins sur les transports. L’endettement n’est pas un dogme mais doit répondre à un besoin d’équipement pour les générations futures, notamment sur les écoquartiers avec des ­logements à basse consommation, desservis par le tramway, l’amélioration des liaisons intra-muros et des pistes cyclables, encore trop peu sécurisées.

Comment se dessine l’agglomération de demain ?

Le fort développement du projet campus, pour lequel Toulouse a été retenu, nous rattache à cette notion d’université unique : dans les années 70, nous avons eu des campus comme autant de quartiers (Mirail, Paul-Sabatier). Le xxie siècle nous oblige à organiser la ville comme un grand campus avec une offre cohérente en matière de logements, de logements étudiants, de transports et d’équipements dédiés. Je pense à la future maison internationale de la recherche, à un ­quartier des sciences et, dans le GPV, à une nouvelle articulation entre l’université du Mirail et le quartier : cheminements, projet de fabrique culturelle…

Vous êtes attaché à une vision urbaine plus cohérente ?

En effet, il faut d’abord combler les manques : aucun équipement culturel n’est attractif au-delà de la région. Nous allons lancer l’étude technique pour la réalisation d’une salle de musique auditorium sur la pointe de l’île du Ramier. Depuis de nombreuses années, la ville s’est construite à la manière d’un puzzle, parfois même de ­puzzles fermés, sans cohérence, dans la négation de l’ambition urbaine. Il nous faut une vision d’ensemble. Sur l’arc Garonne, par exemple, Jean-Paul Viguier [NDLR : architecte du Cancéropôle] a établi un atelier virtuel d’architecture, qui organise la réflexion avec des architectes internationaux et locaux pour préparer le cahier des charges d’un projet urbain ambitieux. Il y a de très ­belles opportunités : la ZAC de la Cartoucherie, dont le projet initial a manqué d’ambition, le secteur de Montaudran, l’aménagement du quartier Matabiau, autour de la gare, le centre-ville et Aero­space Campus, où nous avons confirmé l’opérateur Cogedim, qui révise son projet. Autant de secteurs qui peuvent donner un sens à ce que sera Toulouse au xxie siècle. Dans les mois qui viennent, nous élaborons avec des experts internationaux et les comités de quartiers tout le travail de préfiguration d’un vrai projet urbain. Il doit être prêt pour le printemps 2009.

Vous présidez également la communauté d’agglomération, que vous allez transformer au 1er janvier 2009 en communauté urbaine. Pourquoi ?

Toulouse est en panne par rapport à son impact sur le plan national et international. L’intégration territoriale et de compétences néces­saires pour rayonner et être attractif fait passer par une communauté urbaine. Même une communauté d’agglomération qui fonctionne à outrance, comme je l’ai connue au Sicoval, était meilleure que ce qui existait : une juxtaposition d’intérêts avec l’omniprésence de Toulouse. Il faut une métropole qui s’articule autour d’une gouvernance pour les terri­toires, les services et les habitants. Et la volonté d’être en capacité et en responsabilité de le faire.

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