Cristina Vega Iglesias, un accent espagnol sur l’architecture de campagne

L’architecte née et formée aux îles Canaries en Espagne a été désignée « jeune femme architecte » 2022 du prix de l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat. Au-delà du fait de porter une différence de culture avec la France, elle défend la noblesse de la conception en milieu rural dans l’agence qu’elle forme avec son mari à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Elle vit sa distinction comme la récompense de cette approche-là.

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L'architecte Cristina Vega Iglesias de l'agence Burlat & Vega. Architectes, installée à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)
Formée à Las Palmas aux îles Canaries dont elle est originaire, Cristina Vega Iglesias s’est installée en France en 2014.

Remis en fin d’année, le prix national des femmes architectes de l’Association pour la recherche sur la ville et l’habitat (Arvha) a pris des accents ibériques pour cette édition 2022 : native des Canaries, l’Espagnole Cristina Vega Iglesias en a remporté la catégorie « jeune femme architecte » réservée aux professionnelles de moins de 40 ans.

Cette distinction qu’elle a reçue avec fierté et émotion, l’intéressée la dédie tout autant à la ruralité, dans laquelle s’inscrit son travail. Face à des postulantes installées dans des agences de taille et qui défendaient des grands projets en milieu urbain, son dossier a séduit par la transformation d’espaces de campagne, depuis la petite commune de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), où Cristina Vega Iglesias exerce en binôme avec son mari Stéphane Burlat – c’est d’ailleurs lui qui l’a inscrit au concours de l’Arvha(1), en toute discrétion…

Installé à cet endroit depuis 2015, le couple d’architectes « s’occupe de tout, même, s’il le faut, du nettoyage de l’agence », sourit l’architecte de 36 ans. Il y met en application la vision de l’architecture sans strass ni paillettes qui sied parfaitement à Cristina Vega Iglesias. « Nous concevons généralement une architecture fonctionnelle, sobre, dans laquelle une apparente simplicité spatiale cache une énorme quantité de réflexion et de travail. Je ne crois pas que la formalisation esthétique soit le facteur déterminant de notre architecture », expose-t-elle.

Transformation d’un ancien restaurant d’Ehpad en microcrèche à Couches (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes
Transformation d’un ancien restaurant d’Ehpad en microcrèche à Couches (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes Transformation d’un ancien restaurant d’Ehpad en microcrèche à Couches (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes

L’impact social d’une discipline « partagée »

L’associée chez Burlat & Vega accorde la priorité à l’« impact social » de sa discipline, « qui influence la société bien plus que nous le pensons » et « qui doit être partagée avec les clients, la ville, les usagers, le paysage, avec ceux qui construisent et entretiennent ». A l’échelle du sud de la Bourgogne où elle se déploie, l’agence de Paray-le-Monial vit aisément cette dimension impactante : ici, toute extension de maison, toute réhabilitation de petit équipement se voit et se lit comme un élément de redynamisation espéré, suscitant de ce fait l’attention marquée du maire, du conseiller municipal, du président d’association… La « décarbonation des matériaux », la « réutilisation des déchets », la réduction de l’empreinte carbone des transports, etc. sont également perçues par l’architecte espagnole comme parties intégrantes d’un tel impact.

« Loin des centres urbains : et alors ? » , lance Cristina Vega Iglesias avec une pointe de malice. « Ce travail de proximité tout en finesse est passionnant, il applique vraiment au quotidien l’objectif d’écoute attentive et permanente du besoin du maître d’ouvrage », souligne celle qui se souvient encore de son « enthousiasme » et de son investissement dans son premier projet pour l’agence, la rénovation d’un appartement dans la commune voisine de Digoin (Saône-et-Loire).

L’arrivée en France, en 2014, un an après l’obtention de son diplôme d’architecte à Las Palmas, a été motivée par le désir de rencontrer d’autres univers de travail, après Les Canaries et des expériences au Mexique et en Allemagne, en partie aussi par la crise de la construction qui sévissait en Espagne… mais avant tout par l’amour ! Une « patte » ibérique s’imprime-t-elle alors depuis le bureau de Paray-le-Monial ? Cristina Vega Iglesias n’y prétend pas vraiment, soulignant des similitudes de travail qui lui semblent surpasser les différences entre les deux pays. « Ces écarts se manifestent plutôt dans leur culture, et de manière plus forte que ce que j’imaginais, moi qui avait déjà vécu la différence entre l’île (Les Canaries) et le continent dans mon pays ». Reste, chez la parfaite francophone, l’accent espagnol qui chante sur les chantiers.

Salle communale de Collonge-en-Charollais (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes
Salle communale de Collonge-en-Charollais (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes Salle communale de Collonge-en-Charollais (Saône-et-Loire), Burlat & Vega. Architectes

(1) Prix organisé en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère de l’Egalité entre les femmes et les hommes, le Conseil national de l’Ordre des architectes et le Pavillon de l’Arsenal, où il a été remis.

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