Crise des Ensa : les instances interpellent leurs tutelles

Dans une lettre ouverte adressée le 21 mars aux ministres de la Culture et de l’Enseignement supérieur et de la recherche, les présidents et présidentes des Conseils d’administration des écoles d’architecture et de paysage, de leurs Conseils pédagogiques et scientifiques mais aussi du Conseil national des enseignants chercheurs manifestent leur soutien au mouvement de revendication lancé par les étudiants dans toute la France. Ces instances demandent à être reçues «dans les plus brefs délais».

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Banderole devant l'Ensa Paris La Villette, le 2 mars 2023
Alors que les blocages se poursuivent dans les Ensa, les représentants de diverses instances demandent à être reçus par leurs ministères de tutelle.

«Pour sauver le monde encore faut-il très vite aider nos Écoles nationales supérieures d’architecture (et de paysage).» C’est non sans ironie que, dans une lettre ouverte datée du 21 mars, diverses instances des Ecoles nationales supérieures d’architecture et de paysage (Ensa/Ensap) ont renvoyé la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak à son discours du 30 janvier quand, lors du lancement du palmarès Réséda, elle avait insisté sur le rôle de la discipline «face aux grands enjeux de notre temps».

Avoir de grandes ambitions nécessite de s’en donner les moyens ont écrit, en substance, les présidents et présidentes des Conseils d’administration de ces établissements, de leurs conseils pédagogiques et scientifiques mais aussi du Conseil national des enseignants des enseignants chercheurs, dans ce courrier adressé à leurs tutelles, le ministère de la Culture donc, mais aussi celui de l’Enseignement supérieur et de la recherche.

Renforts

Les divers corps représentatifs sont ainsi venus en renfort des étudiants qui, dans les 20 Ensa de France, se mobilisent depuis plusieurs semaines pour dénoncer le manque de moyens alloués à leurs écoles. Le mouvement parti de Rouen en février dernier n’a depuis cessé de prendre de l’ampleur. Que ce soit dans leur établissement bloqué ou dans la rue, les futurs architectes réclament de pouvoir étudier dans des conditions correctes. Mais ils veulent aussi être assurés d'acquérir les compétences nécessaires pour relever les défis qui s’imposent à eux.

La faiblesse des moyens est longuement évoquée dans la lettre : «même si un rattrapage est en cours, le budget alloué par étudiant en architecture reste très faible, notamment au regard du caractère particulièrement professionnalisant de leur formation qui nécessite un encadrement accru, et par comparaison avec les universités, où le budget moyen de 11 500€ par étudiant est déjà considéré comme très insuffisant et très inéquitable par rapport à d'autres établissements du supérieur.»

Désaccord

Alors même que le ministère de la Culture s’est dernièrement employé à communiquer sur les efforts consentis par l’Etat, les rédacteurs de la lettre se disent en désaccord avec les calculs qui leurs ont été présentés. Ces chiffres, écrivent-ils, «méritent d’être objectivés et confrontés à la réalité des écoles, tant il est clair qu’ils ne sont pas partagés et restent à mettre en débat. Plusieurs Conseils d’administration ont d’ores et déjà envoyés des réponses extrêmement argumentées. Plus généralement, ces données sont à reconsidérer et à mettre en discussion à l'aune des déficits de dotations accumulés au sein des écoles depuis leur création alors que leurs missions ou activités se sont démultipliées.»

Mais le document interpelle aussi les tutelles sur la nature même de la formation, telle qu’elle devrait en tout cas être pensée pour que des «architectes légitimes et compétents» sortent diplômés des écoles et ce, en nombre suffisant. Pour le moment, le compte n’y est pas pour les signataires, qui rappellent : «en 2020, selon le rapport du Conseil des Architectes d’Europe, la France comptait 44 architectes pour 100 000 habitants, alors que l’Allemagne dénombrait en moyenne 141 architectes pour 100 000 habitants.»

«Comme vous le voyez nos revendications sont nombreuses. Nos propositions constructives le sont encore plus», concluent les rédacteurs qui demandent donc à leurs ministres à être reçus «dans les plus bref délais».

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