Qu’attendez-vous de l’arrivée du TGV à Perpignan ?
L’arrivée prochaine du TGV change de manière brutale la situation de Perpignan et nous donne les meilleurs espoirs pour la décennie 2010. Aujourd’hui, nous sommes en bout de ligne. Demain, avec le TGV, Perpignan devient une ville-pont entre la métropole barcelonaise et le reste de l’Europe et, plus généralement, une porte ouverte sur l’Europe pour l’ensemble du monde ibérique. Mieux, Perpignan sera au cœur d’une conurbation transfrontalière de 900 000 habitants, qui va de Gérone à Narbonne. Nous allons pouvoir construire cet espace transfrontalier grâce à l’arrivée du TGV, c’est-à-dire à l’infrastructure qui unifie ce dispositif. A nous de nous y préparer.
Comment se préparer à ce nouvel espace ?
Nous devons forcer les feux dans l’équipement de Perpignan pour lui donner tous les atouts d’une ville attractive. Cela nous amène à investir dans de nombreux domaines. La culture, avec le théâtre de l’Archipel. La logistique, avec le doublement du chantier de transport combiné de Saint-Charles qui fera de Perpignan le port sec de Barcelone. L’espace urbain, avec le quartier de la gare. Nous investissons aussi sur le patrimoine pour rendre à cette cité toute son attractivité. L’aménagement récent de la place de la République a donné à Perpignan la grand-place qui lui manquait.
La montée en puissance de l’agglomération s’inscrit-elle dans la même logique ?
Qui ne voit que nous devons structurer une agglomération puissante si nous voulons avoir la capacité financière et politique de jouer notre rôle dans le nouvel espace transfrontalier qui se met en place ? Une agglomération de 250 000 habitants nous permettra de bâtir une offre économique unifiée, organisant différentes filières : logistique, industries nautiques, viticulture, santé, etc. Si nous continuons à jouer petit, éparpillés, désunis, nous n’aurons pas la capacité d’exploiter les nouvelles cartes mises dans nos mains par l’arrivée du TGV.
Jusqu’où peut s’étendre l’agglomération ?
Nous avons déjà beaucoup progressé. Nous étions quatre en 1997, nous sommes vingt et un. Trois autres communes sont candidates. A terme, on peut imaginer un ensemble de trente-cinq communes, qui s’étendrait du département de l’Aude jusqu’au bassin de Saint-Cyprien. Notre façade maritime totaliserait alors 8 000 à 9 000 anneaux. Nous serions l’un des premiers ports de plaisance de la Méditerranée.
Comment concevez-vous le développement urbain de l’agglomération ?
Nous avons la chance ici de pouvoir organiser une population de 250 000 habitants dans un concept totalement original que j’appelle l’archipel. Au lieu de former un ensemble aggloméré, nous prenons appui sur la base villageoise de la plaine du Roussillon. Nous voulons renforcer ces villages en évitant qu’ils ne se rejoignent, et donc en fabriquant un urbanisme sous forme d’îles, reliées par l’espace agricole. Cette diversité des territoires permet une grande diversité de l’habitat : reconquête des logements libres dans le centre de Perpignan, habitat pavillonnaire autour des villages, petits collectifs ailleurs. Nous appliquons ainsi les principes du développement durable. La convivialité villageoise permet d’éviter l’anonymat et la ségrégation sociale des banlieues que connaissent les grandes agglomérations. Et nous préservons la beauté des paysages.
Perpignan serait-elle plus tournée vers Barcelone que vers Montpellier ?
La question ne se pose pas en ces termes. Nous avions jusqu’ici un énorme déficit de relations avec le Sud. Alors qu’il y a là six millions d’habitants et une des régions les plus dynamiques d’Espagne. Je suis étonné d’avoir été celui qui lançait le slogan « Perpignan la catalane », en 1993. Aujourd’hui, nous avons comblé une part de ce déficit. L’étape suivante consiste à construire un espace transfrontalier de taille européenne : c’est la conurbation Narbonne-Perpignan-Gérone. Alors, nous pourrons jouer pleinement notre développement économique et social au cœur du triangle Toulouse-Montpellier-Barcelone.
