Comment MisterMenuiserie bouscule les schémas de vente

Issu du digital, MisterMenuiserie compte bouleverser le secteur de la menuiserie, de l’outdoor, de la fermeture … et de la cuisine. En drive-to-store, l’enseigne normande installe un nouveau modèle hybride de la distribution de produits sur-mesure en passant par le DIY et l’intermédiation.

Intérieur d'un showroom connecté Mister Menuiserie
Intérieur d'un showroom connecté Mister Menuiserie

Il faut revenir sur la genèse du groupe MisterMenuiserie pour en comprendre les ambitions. Une histoire dans laquelle se plonge le nouvel associé de l’entreprise, Bertrand Gstalder. Il vient de quitter son poste de CEO du groupe Se Loger, pour s’intégrer dans l’aventure. Et de raconter : « Le fondateur Emin Alaca avait au départ lancé un site internet qui commercialisait différents produits d’équipements de la maison. Mais en 2016, cherchant un marché un peu plus complexe que des produits finis, il a eu l’idée de créer MisterMenuiserie ». Le prohjet : commercialiser en ligne aux particuliers – mais aussi aux professionnels – des menuiseries 100 % sur-mesure, « au design exclusif et fabriquées en France et en Europe sans aucun intermédiaire ». Sauf qu'un portail a besoin d’être touché, une clôture d’être admirée. « Après différents voyages à l’étranger, Emin Alaca a constaté que la notion de magasin ou de show-room connecté émergeait. Il a donc commencé à installer un réseau », continue le nouveau directeur général du groupe. Du digital au phygital, il n’y qu’un pas, vite franchi. De 68 magasins installés début 2021, ils étaient 100 à l’été, et seront 130 d’ici  la fin de l’année, « et probablement 200 d’ici 18 mois. Le développement sera alors suffisant ». Le concept ? Un format de 300 à 400 m2 en moyenne, en drive-to-store, donc sans caisse, ni stock, et en zones périurbaines voire rurales, « plutôt là où il y a des maisons ».

Configurez, c’est chiffré

Dans ce showroom connecté, « on  met en démonstration les produits les plus vendus pour découvrir différentes matières », reprend Bertrand Gstalder. Portails, fenêtres, pergolas, vérandas, stores, portes d’entrées, portes intérieures, verrières… L’idée n’est pas de tout exposer, mais de montrer les typologies de motorisation des portails, les rendus de finition, etc. « C’est d’abord un show-room, dans lequel les catalogues se découvrent sur des bornes ». Les clients sont drainés par Internet. « Comme lorsqu’il achète une voiture qu’il personnalise, grâce à notre configurateur, il verra le prix évoluer selon les options ajoutées : coloris, texture, sens d’ouverture pour un portail, motorisation souhaitée, etc. », dévoile le directeur général. Car c’est un des credo de « ce menuisier 2.0 » : apporter une transparence des prix, « du produit à l’installation puisque nous affichons aussi les tarifs de pose ». Une concurrence déloyale pour les artisans ? Le dirigeant s’en défend. « Il s’agit de prix fixés avec des professionnels qui donnent un indicateur en toute transparence au particulier. L'artisan reste libre de choisir ensuite la manière dont il veut installer le produit acheté ». Avec la promesse d’une économie réalisée de l’ordre de 30 % à 40 % s’il opte pour le DIY. Reste que changer ses fenêtres ne s’improvise pas. « Nous proposons donc les services de Coachs-Métreurs à travers un réseau intégré. Ils réalisent le métré in situ, expliquent le projet selon le bâti, donnent des conseils de pose ». Mais si le besoin s’en fait ressentir et faute de disposer déjà de son artisan, MisterMenuiserie décochera alors ses talents.

Une marketplace d’artisans indépendants partenaires

MisterMenuiserie se positionne aussi en acteur de l’intermédiation, mais avec zéro commission. Car il se préfère dans le rôle d’apporteur d’affaires, en constituant son réseau de talents MisterMenuiserie… Des artisans bientôt triés sur le volet, estampillés RGE bien sûr. « Étant donné que nos coachs-métreurs auront déjà réalisé les métrés et pris des photos, nous leur transmettons toutes ces données via une application dédiée. Ils ont juste alors à réaliser le devis. C’est un gain de temps pour les artisans quand ils consacrent 40 % de leur activité ç faire du démarchage commercial au lieu d’être sur les chantiers », souligne Bertrand Gstalder. Mais pas question d’arroser non plus toutes les entreprises du quartier. « On enverra les données collectées par nos coachs-métreurs à quelques artisans, les deux premiers intéressés seront retenus ». Pour l’instant ces liens « sont encore manuels ». Ils sont donc en phase de structuration avec des demandes d’engagement des professionnels à la clé. Cette mise en relation se veut sous bannière d’un label. Les artisans intéressés devront être réactifs. « Nous sommes en train de développer tout ce flux », confie Bernard Gstalder. Car il faut bien agréger toutes les pattes de ce concept hybride, « qui conjugue une approche industrielle, de la GSB, du direct-usine, de spécialiste du sur-mesure, à une approche digitale que seuls les sites du e-commerce ont aujourd’hui. » Aux menuiseries, fermetures et aménagement outdoor, déjà complétés par du poêle à bois et des radiateurs, le groupe va y greffer dès juillet une offre de cuisines. Toujours selon le même business model. Et demain de la déco et de la finition ? « Ces secteurs font partie des potentiels mais ce ne sont pas des priorités. Pour l’instant, nous souhaitons continuer à grossir dans le champ de tous les marchés que nous adressons. Le lancement de la partie Cuisine est déjà un sujet important ». Comme le développement à l’international déjà démarré en Angleterre « et que nous allons amplifier l’an prochain ».

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