Collectivités et acteurs locaux veulent avoir leur mot à dire dans la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac

Au lendemain de l’annonce par le gouvernement du choix d’un consortium chinois comme repreneur pressenti des 49,9% de parts détenues par l’Etat dans le capital de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, collectivités et acteurs économiques locaux appellent à la vigilance pour préserver l’intérêt général.

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L'Etat veut céder jusqu'à 49,99 % des actions qu'il détient dans le capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac.

Opposés au projet de l’Etat de céder 49,9% des 60% de parts détenues dans le capital de la société d’exploitation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), les collectivités et acteurs économiques de l’agglomération toulousaine ont décidé de faire avec maintenant le repreneur pressenti est choisi. Ils appellent également à la vigilance pour obtenir du consortium chinois retenu le respect des engagements pris.

Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées, considère que l’heure n’est plus au regret «de n’avoir pas été consulté ni sur le montant proposé par chacun des pétitionnaires, ni sur le choix du repreneur». De son côté, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la communauté urbaine Toulouse Métropole, actionnaire à hauteur de 5% dans ATB, au même titre que le conseil régional de Midi-Pyrénées et le conseil général de la Haute-Garonne, estime qu’il n’a «pas d’avis à avoir sur le choix du consortium chinois. C’est l’Etat qui va encaisser le chèque. En revanche, avec les autres actionnaires, nous voulons être les garants de l’intérêt général». Privilégiant «le principe de réalité», le patron de Toulouse Métropole considère que l’urgence aujourd’hui est de «continuer de parler d’une seule voix» avec la Région et le Département, ainsi qu’avec la chambre de commerce et d’industrie de Toulousel (CCIT) détentrice de 25% de parts. «Il faut continuer de travailler ensemble pour obtenir des engagements et implications concrètes du futur nouvel actionnaire», a-t-il ajouté.

Pacte d’actionnaires

Le souhait est partagé. Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées, qui milite pour une «gouvernance équilibrée», appelle à la constitution «d’un pacte d’actionnaires», maintenant que l’Etat a décidé de conserver les 10,1% de parts qu’il comptait céder dans un premier temps. En ajoutant les 16% de parts que le consortium chinois s’apprête à rétrocéder à un investisseur français, l’actionnariat sera majoritairement français. Martin Malvy propose une réunion dès cette semaine «pour faire avancer une réflexion (...) sur la base d’un consortium ou d’un pacte d’actionnaires en y associant l’Etat». L’enjeu est aussi d’obtenir un nombre de sièges suffisants au conseil de surveillance et de pouvoir peser sur les actions du nouvel actionnaire.

Bernard Keller, maire de Blagnac, qui regrette «que le critère essentiel du choix affiché par le Ministre de l’économie soit le prix (...) », attend donc «du nouvel actionnaire privé qu’il dissipe les inquiétudes et qu’il affiche rapidement ses intentions de conserver à notre Aéroport de Toulouse-Blagnac sa puissante mission publique de développement économique et d’emploi».

Financement du parc des expositions

En termes de développement économique, le repreneur pressenti s’est engagé par écrit sur un certain nombre de points. Il est prêt, par exemple, à participer au financement du parc des expositions que Toulouse Métropole souhaite installer au nord ouest de l’agglomération toulousaine. Lors de son élection, en avril dernier, le nouveau président de la métropole toulousaine avait clairement annoncé que les collectivités n’avaient plus les moyens de payer un équipement qui mobilisera un investissement de 300 millions d’euros. Le consortium chinois serait prêt aussi à étudier d’autres projets structurants tels qu’une troisième ligne de métro ou encore l’amélioration de la desserte routière de la zone d’activités aéronautiques de Blagnac, engorgée.

Acceptation sociale d’une hausse du trafic

La pérennisation de l’équipe de direction en place et le maintien des conditions de travail de tout le personnel, ainsi que la recherche de mesures pour modérer les nuisances d’un aéroport appelé à augmenter le trafic aujourd’hui situé à près de 8 millions de passagers, sont les autres garanties attendues.

Seul Jean-Louis Chauzy, président du Ceser de Midi-Pyrénées, et le groupe Ecologie Les Verts au conseil régional de Midi-Pyrénées restent opposés à la cession des parts de l’Etat. Le consortium chinois table sur 20 millions de passagers. Jean-Louis Chauzy s’interroge «sur l’acceptation sociale d’une hausse du trafic sur un aéroport implanté en agglomération».

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