Chinon / Logements PLA Recoudre la ville

Pour « sortir » cette première oeuvre nichée dans une dent creuse du secteur sauvegardé de la ville, les architectes ont dû se montrer persuasifs auprès de leurs nombreux interlocuteurs. Ils ont tout d'abord convaincu le maire Yves Dauge d'effectuer, sur cette parcelle d'angle, un travail de couture urbaine à la place du parking initialement prévu. Le programme proposé, trois niveaux de logements superposés à un rez-de-chaussée de parkings, a ensuite fait l'objet de nombreuses esquisses avant d'obtenir l'accord de l'Architecte des bâtiments de France.

Les architectes n'ont pas fait non plus l'économie de nombreuses réunions avec l'association locale, constituée au moment du montage de l'opération, ni celle des adaptations de dernière minute liées à des ajouts au programme (un transformateur EDF glissé discrètement derrière le hall d'entrée, par exemple).

Ces nouvelles contraintes réglées au coup par coup n'ont cependant pas altéré la sobriété de l'architecture. Celle-ci s'attache à retrouver les caractéristiques de ses voisines sans pour autant tomber dans l'écueil de la littéralité. Marquant un angle de rue, l'immeuble gère la rupture d'échelle des logements mitoyens : une faille articule les deux volumes qui composent l'édifice. Leur simplicité s'enrichit d'une modénature soignée, doublée d'un jeu de proportions et de textures. La façade la moins haute emprunte sa répartition verticale à l'immeuble de rapport mitoyen. Une corniche débordante de 70 cm assure la continuité de silhouette. Economie de projet oblige, des matériaux communs, enduit et bois, ont été utilisés. Le bois, dont l'épaisseur (7 cm) se réfère à des proportions traditionnelles, est utilisé pour constituer les cadres autour des baies. Il est aussi utilisé en habillage d'allège, en sous-face de balcons, pour les volets coulissants et les portes de garages. Sa lasure grise assure une continuité avec les boiseries peintes de Chinon. L'enduit est quant à lui utilisé en finition poncée.

Cette démarche attentive à un site a été coûteuse pour l'équipe d'architectes, en temps d'études, de déplacements et de réunions. Car, de façon générale, la complexité de ces petits programmes, essentiels pour la requalification des villes, est par trop sous-estimée.

FICHE TECHNIQUE

Maîtrise d'ouvrage : société d'HLM la Tourangelle.

Maîtrise d'oeuvre : Jean Bocabeille et Christophe Ouhayoun, architectes ; Socotec, contrôle ; Gilles Chevet, BET gros oeuvre.

Surfaces : 330 m2, logements ; 270 m2 parking.

Coût de la construction : 2 millions de francs TTC.

Calendrier : 1994, étude de faisabilité ; 1995, permis de construire ; sept. 1997, début travaux ; janv. 1998, livraison.

Entreprises : Marchand, gros oeuvre ; Merlot, charpentier ; Martin, menuisier.

Programme : trois logements et trois parkings à RDC, 11 parkings sur deux niveaux.

Photos & plan

1 et 2. Une faille articule les deux volumes. Le premier emprunte à l'immeuble de rapport mitoyen ses proportions et sa modénature, tandis que le deuxième gère la rupture d'échelle avec l'immeuble dans la ruelle.

Plan : un élément central carré regroupant les pièces d'eau libère, sur chacune de ses faces, un espace particulier. La création d'une place de parking supplémentaire a obligé à surélever une des chambres à chaque étage. Le parking est créé en coeur d'îlot sous une charpente de bois.

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