Chaque jour, les entreprises mettent en place un gabion métallique et 12 filets d’enrochement. Au total, 158 gabions — soit 20 000 tonnes de diorite — seront immergés à 30 mètres de distance du pont, en amont et en aval, avec un créneau d’intervention qui ne dépasse pas les 45 minutes à l’étale de marée haute. A ce jour, la moitié du chantier est réalisée: tous les filets d’enrochements, nécessaires pour combler les fosses d’érosion, ont été placés, ainsi que la moitié des gabions. Les travaux devraient s’achever en mars 2018.
Des gabions XXL
La spécificité du chantier porte sur la taille des gabions: 12x12 mètres et 120 tonnes couvrant 144 m2 de surface à chaque fois, contre 12 ou 16 m2 avec des gabions classiques de 6x2 m ou 8x2 m. Trois mois ont été nécessaires pour préparer le chantier: «Le portique et le palonnier installés sur le ponton flottant en «U» pour poser les gabions ont été fabriqués sur mesure pour ce chantier, précise Sébastien Guillemoteau, directeur de chantier (Balineau), tout comme le bateau pousseur le Brazza (1 000 CV) qui achemine les pontons flottants transportant les gabions depuis le site de Balineau en rive droite jusqu’au chantier. Et deux pontons destinés à stocker les gabions ont été installés à proximité du chantier pour assurer la fluidité des interventions.
Un suivi de chantier pointu
Les conditions de turbidité du fleuve ont également nécessité la multiplication d’«outils» pour la réalisation et le suivi du chantier. Grâce à la bathymétrie, les zones d’intervention ont été identifiées et les coordonnées GPS enregistrées. Elles déterminent la zone où le gabion va être posé. Des caméras acoustiques 2D (filets d’enrochement) et 3D (gabions) affinent les données traitées par le sous-traitant Sub-C Marine. Enfin, un plongeur de la société spécialisée Romœuf (sous-traitant) guide la pose du gabion au plus près du précédent, à tâtons.
Une intervention qui n’était pas demandée au cahier des charges, mais que le groupement a estimée nécessaire. Le plongeur fait remonter les informations auprès des équipes à bord qui oriente le gabion grâce aux treuils, avant de le libérer. «Il peut être nécessaire de le remonter trois à quatre fois pour le repositionner, explique Sébastien Guillemoteau, et, parfois, la pose ne peut pas se faire et est reportée à la marée suivante. Aux contraintes techniques et hydrauliques et de respect des tolérances de pose s’ajoutent également les enjeux de maintien de l’activité du fleuve avec la circulation des barges Airbus et des paquebots fluviaux imposant une adaptation du phasage des travaux», ajoute le directeur du chantier.
Le chantier dont le coût s’élève à 12 millions d’euros hors taxes vise à protéger les 16 piles du pont édifié en 1822, à la demande de Napoléon, et devrait assurer sa solidité pour les cinquante prochaines années. Il y a 20 ans, le même type de travaux avait été effectué avec des gabions plus petits.