La Fenêtrière attache une importance particulière à l'environnement. Expliquez-nous.
L’entreprise a été créée en 1984 par mes parents et j’ai repris l’établissement en 2005. Nous avons une spécificité : nous sommes une petite entreprise qui fabrique des menuiseries extérieures en circuit court et en économie circulaire. Notre action est très territorialisée : nous avons un atelier de fabrication à Champigny-sur-Marne, dans le Val-de- Marne (94), toutes nos matières premières proviennent de France et nous privilégions les partenaires locaux. Notre PVC provient de Profils de France à Clerval (25), notre aluminium de Sepalumic à Dijon (21) et notre verre de Vitraglass à Alençon (61). Nous avons une politique vertueuse axée sur la préservation des ressources et la consommation locale. En matière d’économie circulaire et de protection de l’environnement, nous prenons garde au traitement des chutes de production et nous recyclons notre PVC. La filière le fait depuis longtemps, Vitraglass aussi sur le verre, tout comme Sepalumic sur l’aluminium. Le dernier kilomètre est toujours d’actualité afin de diminuer l’impact carbone. Et nous veillons à ce que nos partenaires soient dans la même démarche que la nôtre. Grâce à cette proximité, nos délais de production sont de dix jours pour le PVC et de trois semaines pour l'aluminium. Avec nos productions, nous apportons un accompagnement et des services spécifiques.
Quels impacts ont ces démarches sur votre activité ?
Nous sommes présents en Île-de-France, surtout sur le marché de la rénovation où la demande et la croissance sont fortes. Depuis la crise sanitaire, les prismes ont été modifiés : les gens bougent moins, restent plus à domicile, ce qui les fait analyser leur cadre de vie. Les budgets se sont ainsi déplacés vers la rénovation intérieure et les menuiseries, en raison de la hausse des prix de l’énergie et grâce aux aides proposés par l’État. Un mois après le début du premier confinement, nous avons repris notre production avec une sécurité sanitaire accrue. Du coup, nous avons été médiatisés et de nombreuses personnes ont été surprises de découvrir notre atelier de production locale. Car, oui, il existe encore de la production en région parisienne. Nous avons ainsi créé notre marque qui valorise cette production locale, les embauches locales, nos consommations locales : Made In Fenêtre. Il s’agit d’une capsule au sein de l’entreprise. La production est la même, mais avec des spécificités orientées vers une approche environnementale comme les vitrages, la détection d’ouverture/ fermeture, les solutions de volets roulants solaires, les poignées antibactériennes… Cette marque véhicule ces produits particuliers qui attirent les professionnels. Ces derniers, nous allons aussi les valoriser en fonction de leurs certifications, parce qu’ils ont des valeurs similaires aux nôtres et préfèrent les produits de qualité. Cela sécurise également les particuliers car nous sommes tous engagés. Ces démarches ont été favorables à notre réussite : notre chiffre d’affaires a progressé de 26 % en 2020 et encore de 25 % l’an passé. Tout cela veut dire qu’il y a une demande de la part des consommateurs pour la traçabilité, les engagements en matière d’environnement mais aussi de social, car nous n’oublions pas ce critère.
Quelles sont vos implications dans ce domaine ?
Nous avons par exemple mis en place un management participatif et nous y sommes très attachés. Nous réalisons aussi beaucoup d’actions de prévention avec l’OPPBTP, des formations et nous oeuvrons sous lean management afin d’améliorer l’efficacité et la qualité de vie au travail. Nous garantissons aussi la sécurité de l’emploi à nos salariés. À tel point que nos équipes sont là depuis longtemps. Attention, il ne s’agit pas non plus d’une équipe volumineuse : de sept personnes avant la crise, nous sommes passés à 11 aujourd’hui et nous envisageons d’autres recrutements, toujours de profils différents. Par exemple, nous avons une personne de
40 ans, Frédéric, à l’atelier depuis 20 ans, qui est sourd et muet. D’ailleurs, nous nous sommes tous lancés dans l’apprentissage de la langue des signes pour communiquer avec lui. De même, nous suivons nos salariés avec une évaluation des compétences selon un protocole spécifique et des actions de formation en situation de travail (Afest). Notre implication est également forte au niveau de notre secteur. Nous sommes rattachés au Grand Paris et à la FFB pour lesquels je suis en charge de la RSE au niveau national. Je suis membre du Conseil économique social et environnemental (Cese) pour le groupe des entreprises où je représente la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises, ndlr). Je suis à la commission environnement et à la Délégation du droit des femmes et à l’égalité. Et en tant qu’acteurs de la transition écologique, nous avons
rejoint la Convention des entreprises pour le climat (CEC) qui comprend
150 dirigeants.
Comment abordez-vous cette nouvelle année ?
Nous continuons à assurer nos délais et leur maintien à dix jours pour le PVC. Nos actions nous aident à cela, la pénurie de matières premières est moins forte quand vous utilisez des produits français. Nous avons aussi fait du stock afin de ne pas tomber en pénurie de matières premières, cela représente un coût. Toutefois, nous sommes face à un problème d’augmentation des prix très marquée depuis mars dernier. Tout augmente : le PVC, l’aluminium, le métal. Il faut tirer le signal d’alarme. Bientôt, nous n’allons plus vendre. Les décideurs vont repousser leurs travaux car avec 10 % de prix en plus, cela les fait réfléchir. Et ce ne sont pas les 80 euros de MaPrimeRénov qui aident à la prise de décision. Nous sommes en danger. Nous sommes en train de diminuer nos marges. C’est pour cela que je crois dans la production locale. Il faut que les pouvoirs publics incitent à la consommation sur le territoire, avec par exemple une TVA à taux réduit sur les produits français, ceux qui sont fabriqués par des salariés qui travaillent sur place. Si nous avons tous observé un rebond en 2021, je suis dubitative pour 2022. Toutefois, nos valeurs signent nos différences : notre objectif reste de faire du beau, de l’utile et du durable. Alors, nous serons là et nous ferons attention aux prix.