Canicule : suer, oui, mais sans avoir trop chaud

Porte-à-faux, conception traversante, inertie… Un centre sportif mise sur le low-tech pour limiter la climatisation.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Le centre sportif ouvrira ses portes cet été après trois ans de travaux. Sa conception est marquée par deux porte-à-faux qui permettent d'ombrager les volumes inférieurs.

Faire face, dans les années à venir, à des températures qui pourront dépasser les 40 °C. C'est le défi à relever pour le nouveau centre sportif universitaire de Strasbourg (Bas-Rhin), qui sera livré cet été après un peu moins de trois ans de travaux. « Il n'a pas été relié au réseau de chaleur du campus car il n'a pas besoin d'être chauffé. L'enjeu était vraiment de maintenir la fraîcheur dans les espaces », relève Thomas Weulersse, architecte mandataire et gérant d'Atelier d-Form à Soultzbach-les-Bains (Haut-Rhin). Seules quatre pompes à chaleur réversibles de 40 kW, installées sur le toit, permettront de répondre aux faibles besoins de chauffage pour les vestiaires, les bureaux et l'eau chaude sanitaire. Elles pourront renforcer au besoin le rafraîchissement dans les trois gymnases et les huit salles de sport multi-activités agencées sur cinq niveaux, dans les 6 200 m² du bâtiment.

Ici, dès le début de la conception, tout était prévu pour rafraîchir les espaces et optimiser la consommation d'énergie. Des impératifs majeurs pour cet édifice bâti en plein campus, au cœur de ce qui devient en été un îlot de chaleur urbain. Par conséquent, l'ouvrage fait la part belle au béton : il est maçonné jusqu'au dernier niveau, où la structure change pour mettre en œuvre du bois apparent. Les deux matériaux jouent pleinement la carte de la mixité. « Nous avons dû gérer de nombreuses interfaces entre le bois et le béton, c'est pourquoi maçons et charpentiers sont intervenus à tour de rôle lors des élévations », précise Frédéric Ritleng, conducteur de travaux principal du chantier pour KS Construction, qui a réalisé le gros œuvre. L'entreprise a également travaillé de concert avec celles en charge de la verrière de l'atrium.

Rafraîchissement mécanique 

Pour ce projet situé sous un climat continental, Terranergie, le bureau d'études thermique, a développé un référentiel spécifique plus exigeant que le cadre de la RE 2020. Il s'appuie en effet sur les données d'une station météo du centre-ville, plus proche que celle de référence qui se situe à 12 km, ainsi que sur les prévisions climatiques pour 2080 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). « En se référant à la RE 2020, le bâtiment n'était en surchauffe que 0,5 % du temps. Sur cette nouvelle base, les projections mettent en évidence des pics de chaleur entre 16 et 30 % du temps. Cela nous a incités à proposer un rafraîchissement mécanique, dopé par les pompes à chaleur, permettant de passer sous les 5 % de fréquence de surchauffe », explique Nathalie Mettling, conductrice d'opérations pour la direction du patrimoine immobilier de l'université de Strasbourg.

Résultat : la façade sud du bâtiment, où prend place un gymnase de 1 046 m², présente un débord en béton de 2,50 m qui crée de l'ombre sur les vitrages en été. Sur les autres façades, les fenêtres sont équipées de stores. Dans l'atrium, des ouvrants connectés à une sonde de température équipent les surfaces vitrées ainsi que la verrière photovoltaïque pour faciliter l'évacuation des calories et la ventilation nocturne en cas de forte chaleur. Leur disposition permet une ventilation traversante.

A l'approche de la livraison, la directrice du patrimoine immobilier de l'Unistra, Pauline Farcis-Morgat, estime que « le travail a été exemplaire » pour cet ouvrage emblématique, qui constitue la dernière pierre de l'opération Campus (lancée en 2008 au niveau national) à Strasbourg.

Image d'illustration de l'article
9416_529195_k3_k1_1261628.jpg 9416_529195_k3_k1_1261628.jpg

L'atrium se caractérise par ses cellules photovoltaïques sur les vitrages et la possibilité d'ouvrir les fenêtres en partie haute.

Image d'illustration de l'article
9416_529195_k4_k1_1261631.jpg 9416_529195_k4_k1_1261631.jpg

L'ouvrage conjugue structure en béton et charpente en bois pour certains espaces.

Image d'illustration de l'article
9416_529195_k5_k1_1261633.jpg 9416_529195_k5_k1_1261633.jpg
Image d'illustration de l'article
9416_529195_k6_k1_1261635.jpg 9416_529195_k6_k1_1261635.jpg

S'il n'est pas relié au réseau de chaleur urbain, l'édifice est équipé de quelques pompes à chaleur pour les besoins ponctuels.

Informations techniques

Maître d'ouvrage : Direction du patrimoine immobilier (DPI) de l'université de Strasbourg.

Maîtrise d'œuvre : Ajeance et Atelier d-Form (architectes en co-traitance), Hagenmuller (structure), Act' Bois (bois), Terranergie (fluides, thermique), Interface (façades), C2BI (économiste, OPC).

Entreprises principales : KS Construction (structure béton), Cunin (structure bois), Soprema (étanchéité, bardage), AluHome (menuiseries), Houllé (chauffage et ventilation).

Surface : 6 200 m2 S P.

Calendrier des travaux : d'octobre 2022 à l'été 2025.

Budget : 15 M€ H T.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Construction et talents
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires