C’est fait. Jean-Louis Borloo, ministre du développement durable et Dominique Bussereau, secrétaire d'état chargé des transports, ont lancé vendredi 3 avril l’avis d’appel public à concurrence pour le canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac, près de Cambrai. «Enfin !» serait-on tenté de dire tant cet avis semblait devoir à jamais être «imminent».
Car le canal Seine-Nord Europe, devenu emblématique du Grenelle de l’environnement, a sa déclaration d’utilité publique depuis le 12 septembre 2008. «Ce lancement ouvre la procédure de sélection du partenaire privé qui réalisera le canal dans le cadre d’un partenariat public privé», indique le ministère. Côté calendrier, la remise des copies est fixée au 15 juin prochain, la signature du contrat de partenariat interviendra en 2011, permettant ainsi le démarrage des travaux. Quant à la mise en service, elle est prévue pour 2015.
Les groupes français Vinci et espagnol Abertis, via Sanef, avaient déjà fait savoir qu'ils seraient candidats (et concurrents) pour ce projet. Les autres majors, Bouygues (peut-être avec Sanef) et Eiffage, devraient aussi participer à la lutte.
Le partenaire privé devra apporter environ 2,1 milliards d’euros, soit la moitié du coût global des 106 km du canal. L’Union européenne apporte 330 millions d’euros, l’Etat, 900 millions et les collectivités territoriales, 900 millions également. Un protocole d’intention avait été signé le 11 mars dernier avec les présidents des conseils régionaux de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et d'Ile-de-France. Les départements s’étaient montrés moins enthousiastes, puisque quatre présidents socialistes de conseils généraux concernés par le tracé refusaient de payer plus que prévu initialement. Prudent au regard de la complexité du projet, le maître d’ouvrage Voies Navigables de France prévoit 24 à 30 mois de dialogue compétitif pour optimiser le projet. En parallèle seront lancés les appels d’offres pour l’aménagement et l’exploitation des quatre plates-formes multimodales, situées le long de l’ouvrage, et qui avaient été exclues du champ du contrat de partenariat. A la satisfaction des entreprises de BTP locales.
Selon VNF, l’ensemble du projet générera entre 10.000 et 11.000 emplois pendant la période des travaux, dont 4500 emplois directement sur le chantier en 2011.