Croyez-vous que cette crise sanitaire puisse accélérer l’élan écologique dans la construction et ainsi concrétiser votre souhait ?
Ce que l’on vit aujourd’hui est le résultat de nos actions passées ; notre avenir sera le résultat des actions d’aujourd’hui. En tant qu’acteurs de la construction, notre impact est à la croisée des chemins sociaux, environnementaux et économiques et nous devons travailler sur les opportunités car le monde d’avant est mort. On retient que nous avons pu arrêter l’économie mondiale en deux semaines, soutenir l’activité, etc. On voit que l’on peut aller très vite parfois, mais on a également perçu que l’on pouvait donner la possibilité aux préfectures de se dégager des exigences environnementales, repousser la RE 2020… Il faut changer de paradigmes. La rénovation est, par exemple, un gros levier en matière d’économies d’énergie.
Qu’a révélé cette crise, selon vous ?
La métropolisation à l’excès. La densité est intenable face à cette situation : pas de verdure, une propagation du virus facilitée, des typologies de logements déconnectées de la réalité. Une refonte globale doit être envisagée en réexploitant et régénérant les lieux, notamment. Par exemple, les entrées de villes — des kilomètres de voiries — sont des champs d’exploitation pour créer mixité et verdure, même chose pour les centres-bourgs. Il s’agit de développer la notion d’écologie positive. Par exemple, un territoire non exploité pourrait laisser place à un projet pertinent avec un bilan écologique supérieur à la situation antérieure comme la création d’éco-villages (mixité générationnelle, espaces naturels, agriculture urbaine, etc.)
« Mettre en avant la standardisation des logements liée au problème de la défiscalisation »
Où en est la maîtrise d’ouvrage ?
Il faut remettre en débat la question de la qualité des logements. Nous avions prévu de rencontrer les nouveaux maires munis du guide de l’Ordre des architectes sur la transition écologique. Nous le ferons cet automne. Nous souhaitons notamment mettre en avant la standardisation des logements liée au problème de la défiscalisation. Ainsi, 60 à 70 % des demandes de nos clients sont de cet ordre : il n’y a plus d’usagers derrière, ce sont juste des produits financiers. Le curseur doit être le bien-être et l’écologie. C’est le moment de relever la tête afin de ne pas se prendre le prochain mur.
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A Toulouse, comment la profession sort-elle de cette crise ?
Grâce au télétravail, la conception s’est maintenue et certains ont bénéficié des prêts garantis par l’Etat, des aides… La première haie est sautée, mais les suivantes sont plus hautes car les permis de construire ont trois mois de retard et il y a moins de consultations. Avec la baisse des commandes, la fin d’année risque d’être dramatique. Nous venons d’ailleurs de créer une commission de solidarité régionale pour accompagner les confrères avec l’aide d’avocats, d’experts comptables… pour la gestion des entreprises. Les grandes institutions — région et départements — ont marqué leur soutien en continuant la facturation, notamment. Le problème réside à l’échelon municipal avec les élections en suspens, cela correspond à 80 % de notre activité…
* La lettre, adressée en mai 2020 à leurs enfants par Leslie Philippe et Gonçalves, fondateurs de l’agence Seuil Architecture, est datée du 11 mai 2035...
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