La gestion du chantier offre une première clé d’entrée à la Diod Box, parmi les artisans du paysage. La start-up Phosphorus, créatrice de l’outil informatique, a profité du dernier congrès de la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage (CNATP), à la mi-novembre 2015 à Mandelieu-la-Napoule, pour y présenter son application vitrine : la comparaison entre coûts prévisionnels et réels, facilitée par la saisie immédiate des données sur du matériel portable, par les chefs de chantier. « L’application met fin aux délais inhérents aux doubles saisies nécessitées par les traditionnelles fiches d’intervention », souligne Malik Dahman, président de Phosphorus. Selon les paramétrages décidés par l’entreprise, l’information collectée concerne le matériel de chantier en propre ou en location, le personnel, les matériaux… L’analyse peut porter sur chaque chantier ou regrouper les clients récurrents. Les statistiques rationalisent les arbitrages entre achat et location. Le calcul de la rentabilité des chantiers en temps réel réduit l’inégalité entre petites et grandes entreprises dans l’accès à la gestion analytique. Derrière cette vitrine, Phosphorus propose aux artisans un choc de simplification, grâce à la fin des stress causés par l’informatique. « Les informaticiens cherchent souvent à prendre le pouvoir dans les entreprises. Nous ambitionnons de le rendre à nos clients », affirme Didier Sammaritano, directeur général de la start-up qui emploie une dizaine de salariés à côté de Toulon. Le développé du sigle Diod (Directeur informatique on demand) témoigne de cette volonté. La Diod Box transmet les données du parc informatique de l’entreprise vers un centre de traitement (data center) basé à Sophia-Antipolis. En cas d’incendie, l’artisan en retrouvera l’intégralité. « Il évitera les frais de réinstallation de logiciels », poursuit Didier Sammaritano. L’outil répond aussi aux ravages provoqués par les hackers qui échangent le rétablissement de l’outil informatique contre l’accès à la carte bleue : Diod Box restitue les données telles qu’elles se présentaient avant l’attaque. Aux craintes que pourrait susciter l’accessibilité de données confidentielles stockées dans un serveur extérieur, Phosphorus répond par son statut de « correspondant informatique et libertés », audité deux fois par an par la Cnil, la commission nationale en charge de protéger la confidentialité.
Une innovation d’usage
Dès la création de la start-up en 2010, l’incubateur public marseillais « Belle de mai » l’a désignée comme porteuse d’une « innovation d’usage ». « Nous n’inventons pas de nouvelles technologies mais une nouvelle manière de les utiliser », traduit Malik Dahman, qui cible les PME, TPE ou professions libérales, soit 90 % des entreprises françaises. Forts de leur expérience précédente dans la fabrication et la vente de matériel informatique, les créateurs de Phosphorus ont immédiatement décroché une consécration technique de Microsoft : le géant de l’informatique leur a accordé son custom license agreement (contrat de licence) dédié aux applications déportées. Des négociations en cours, en vue d’une fabrication des Box par une entreprise française, pourraient conforter un itinéraire emblématique de la French Tech. En attendant l’amortissement des investissements, Malik Dahman trouve une première récompense dans ce témoignage qu’il rapporte : « Un artisan m’a remercié car, grâce à la Diod Box, il a pu prendre un mois de vacances supplémentaire. »
