En lançant un programme de recherche sur les traitements à cœur du bois il y a six ans, l’objectif du fabricant français de menuiseries Lapeyre était de garantir à ses clients un bois fini sans entretien pendant dix ans. Pari réussi semble-t-il puisqu’en septembre prochain, l’entreprise mettra sur le marché une gamme de volets battants en sapin traité avec un nouveau procédé de traitement.
Développé en partenariat avec l’ENSIACET/INP (1) de Toulouse, le traitement Wood Protect repose sur un produit à base d’acides gras (issus du tournesol ou du colza) et d’anhydride acétique, issu de la fermentation du vinaigre. L’imprégnation à cœur se déroule en deux phases : la première est réalisée en autoclave, sous vide et sous pression et permet la pénétration à cœur de l’anhydride mixte. La seconde est une phase de trempage dans un bain du même produit porté à 100°C. Cette étape modifie la composition chimique du bois pour lui conférer au final des caractéristiques hydrophobes et de résistance aux attaques des insectes et des champignons.
Stabilité dimensionnelle. « Les tests de vieillissement que nous avons réalisés ont montré que les bois ainsi traités devenaient stables dimensionnellement sans que leurs propriétés mécaniques et esthétiques ne soient modifiées », explique Silham El Kasmi à la tête du pôle Recherche et développement bois de Lapeyre. Ainsi des tests de vieillissement accéléré en enceinte climatique ont montré que le phénomène d’absorption de l’eau engendrait des variations dimensionnelles de l’ordre de 17 % sur un pin brut contre seulement 4 % pour un pin traité, le module d’élasticité du bois traité restant quasiment identique à celui du bois brut. A ce jour, les bois traités avec ce procédé peuvent être exposés à la classe de risque biologique 3 définie par la norme EN 335, ce qui correspond à des situations dans lesquelles le bois n’est ni abrité, ni en contact avec le sol. Il est soit à l’abri des intempéries mais soumis à une humidification fréquente (classe 3A), soit continuellement exposé aux intempéries (classe 3B).
Des essais sont en cours afin d’atteindre le niveau de la classe 4, qui permettrait au bois ainsi traité de trouver des applications dans des situations où il resterait exposé en permanence à l’eau (i.e. en contact avec le sol ou de l’eau douce).
Valorisation du sapin. A noter toutefois que le traitement n’est pas compatible avec les produits de finition disponibles actuellement sur le marché. L’industriel développe des peintures et lasures spécifiques qui pourront s’appliquer sur les produits ainsi traités dès leur mise sur le marché, en septembre prochain. Si l’on en croit les promesses de l’industriel, le procédé sera applicable à tous les types de bois. Il devrait notamment permettre de valoriser des essences qui ne pouvaient habituellement pas être traitées à cœur comme le sapin par exemple.
Le Centre technique du bois et de l’ameublement (CTBA) planche actuellement sur une « certification individuelle » des produits ainsi traités, qui attesterait de l’exactitude des caractéristiques avancées par Lapeyre. Enfin, le fabricant n’exclut pas de céder un jour ce procédé sous licence.