Biodiversité urbaine. Sous protection rapprochée

Préserver et développer la biodiversité en ville relève d'une démarche précise et méthodique. Et surtout d'une approche « terrain » et pluridisciplinaire.

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Même si la biodiversité est devenue une notion familière pour la plupart d'entre nous et sa préservation un enjeu politique majeur, le constat du comité français de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la Nature) est inquiétant. Sur le terrain, tous les indicateurs scientifiques restent en effet sur le rouge et la France aura bien du mal à respecter son engagement qui visait à arrêter cette déperdition sur son territoire d'ici 2010, déclarée « année mondiale de la biodiversité » par l'ONU.

Connaître son patrimoine écologique.

Malgré l'adoption d'une stratégie nationale, assortie d'une dizaine de plans d'actions thématiques, il faut bien avouer que sa mise en œuvre a été tardive (2005). La pertinence des actions entreprises est en effet parfois discutable, en particulier en milieu urbain, où les processus de colonisation et d'adaptation des espèces animales et végétales y sont encore peu connus. Pourtant, la compréhension de ces mécanismes est primordiale si l'on veut prévoir, connaître et anticiper les échanges biologiques entre la ville et la campagne, l'évolution des individus, des populations et des communautés dans la ville. « L'approche doit être impérativement pluridisciplinaire », souligne Philippe Clergeau, professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Depuis 2003, il anime un programme de recherche baptisé ECORURB (Écologie du rural vers l'urbain) qui développe à des fins d'analyses sur dix ans, les interactions entre les activités humaines et la biodiversité. Cette mission est menée par une équipe composée d'écologues, de géographes, de sociologues, de climatologues et de parasitologues, appartenant à différents organismes (INRA, CNRS, Universités de Rennes et d'Angers, INHP).

Des constats surprenants.

Le travail repose sur l'association d'observation et d'expérimentation réalisées sur douze stations boisées réparties sur différents gradients, du centre-ville à la campagne périurbaine, dans les agglomérations de Rennes et d'Angers. Les premiers résultats montrent que la richesse n'est pas toujours là où on pourrait le penser. Si le milieu rural renferme en effet un plus grand nombre d'insectes - coléoptères carabidés. - que le milieu urbain, les communautés d'oiseaux sont plus importantes en milieu périurbain qu'en milieu rural. Le constat est identique au niveau de la richesse floristique des boisements étudiés. Quant aux abeilles, elles semblent aujourd'hui mieux vivre en ville qu'en milieu rural.

Adapter les habitats.

Pour Hervé Daniel, chercheur à l'Institut national d'horticulture et du paysage d'Angers, « la ville est tout à fait apte pour accueillir une grande diversité de végétaux et d'animaux, à condition qu'elle puisse leur proposer des habitats adaptés ». Pour cela, il faut que les gestionnaires des espaces publics acceptent de faire évoluer leurs pratiques d'entretien, leur vision sur les espèces jusqu'à présent jugées indésirables, les espaces « délaissés » et les milieux pouvant servir de refuge.

Le travail de sensibilisation doit aussi concerner les habitants qui ont tendance à tolérer plus facilement la présence de certains végétaux ou animaux que d'autres comme, par exemple, les cafards ou les orties ! -

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