Massifier la rénovation énergétique d'un patrimoine hétérogène réparti sur quatre départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Ardèche, Loire, Haute-Loire et Rhône), dans un délai de seize mois : l'objectif est ambitieux. Pour y répondre, Alliade Habitat a lancé une procédure d'accord-cadre à marchés subséquents. « Sur notre patrimoine de 56 000 logements, nous en avons aujourd'hui plus de la moitié classés en étiquette A, B et C, 40 % en D et E et seulement 4 % environ en F et G », indique Sylvain Giraud, son directeur de la maîtrise d'ouvrage et valorisation du patrimoine.
La consultation lancée en 2024 par le bailleur social pour traiter ces passoires thermiques dans le diffus a débouché sur l'examen de trois offres. C'est le groupement conduit par Bouygues Bâtiment Sud-Est (1) qui a été retenu pour traiter 540 logements répartis sur 82 sites, eux-mêmes implantés sur près de 45 communes. Signé fin décembre 2024, le marché d'un montant de 22 M€ pour les études et les travaux est assorti d'un objectif global de performance. « Les 540 logements à traiter sont aujourd'hui pour moitié en étiquette F et pour l'autre en G. Le contrat stipule qu'après travaux, 70 % de ce parc doit passer en étiquette C et 30 % en B », précise Sylvain Giraud.
Au stade de la réponse à l'offre, l'équipe lauréate s'est déplacée sur le terrain. « Le bailleur avait sélectionné un échantillon de 13 résidences représentatives. Pour apporter un estimatif, nous ne sommes pas partis de ratios. Nous avons fait le choix d'aller voir chacun des bâtiments et de mobiliser une équipe composée d'architectes dont un ABF, d'économistes, de chefs de chantier… » explique Bruno Masson, architecte associé d'AAGroup.
Hétérogénéité du parc. La particularité de ce parc réside dans l'hétérogénéité des bâtis. Impossible ici d'apporter une solution standardisée. « Nous sommes en présence de maisons individuelles en bandes, de petits collectifs et d'immeubles classés », détaille Francisco Martin, directeur de travaux chez Bouygues Bâtiment Sud-Est pour la région Auvergne, Drôme et Ardèche. Le groupe de construction, dont c'était le premier marché de ce genre dans la région, a pu capitaliser sur son expérience acquise ailleurs en France. « Cela fait dix ans que nos équipes de la région Grand Ouest réalisent des rénovations dans le diffus », rappelle le directeur de travaux.
A partir des diagnostics de performance énergétique fournis par Alliade Habitat, l'équipe travaux a affiné ses études. « De la mi-janvier jusqu'à la fin mars, nous sommes repassés dans tous les logements pour refaire nos propres audits énergétiques qui se-ront validés par l'association Promotelec, relate Nicolas Pelletier, responsable du projet chez Bouygues Bâtiment Sud-Est. Avec les architectes et les bureaux d'études, nous définissions ensuite les bouquets de travaux pour atteindre soit le niveau C, soit le niveau B. » Lors de cette phase, l'équipe s'est dotée d'une caméra à 360°, testée par les équipes R & D de Bouygues Bâtiment. L'appareil scanne entièrement le logement, puis le logiciel « vide » les pièces de leurs meubles et les cote précisément.
Industrialiser autant que possible. Isolation des façades, changement des menuiseries, du système de chauffage et des VMC seront les principales interventions. « Quelques travaux d'embellissement ou de remise en conformité pourront être réalisés, au cas par cas, précise Francisco Martin. Mais l'objectif reste la thermique, pour laquelle nous industrialiserons autant que possible en segmentant les typologies d'interventions à mener selon l'année de construction, par exemple. » Les premiers chantiers réalisés en site occupé doivent commencer au mois de juin, mais les études se poursuivront parallèlement jusqu'à la fin de l'année. Un calendrier qui tient compte, pour 39 sites, d'une instruction des autorisations administratives par les ABF.
La livraison de cette première tranche est attendue en novembre 2026. Pour tenir la cadence, Bouygues Bâtiment Sud-Est va répartir ses équipes sur cinq zones géographiques. « Nous allons organiser les chantiers en travaillant avec les fournisseurs et distributeurs locaux. Nous avons prévu d'installer plusieurs bases logistiques pour le stockage des matériaux et de matériels en sollicitant des établissements comme les Esat. Par ailleurs, 75 % des travaux seront réalisés par nos compagnons ou avec des TPE-PME locales », indique Francisco Martin.
Les locataires ne seront pas oubliés. Un chargé de relations avec les résidents contactera chacun d'entre eux en amont pour lui expliquer la nature des travaux et ainsi préparer les interventions.
(1) Avec les agences AAGroup, Benier et Seytre Architectes, les bureaux d'études Scoping, Erac et CM Economistes.




Chiffres
- 540 logements répartis sur 82 sites, 45 communes et 4 départements.
- Objectif de 70 % du parc en étiquette C et 30 % en B.
- 22 M€ pour les études et les travaux.
« Une plateforme numérique pour suivre l'avancement du chantier », Sylvain Giraud, directeur de la maîtrise d'ouvrage et valorisation du patrimoine d'Alliade Habitat
« Dans son offre, l'équipe lauréate a proposé la mise à disposition d'une plateforme numérique qui nous permettra de suivre l'évolution du marché et son exécution. Cet outil nous apportera à la fois une vision d'ensemble de l'opération et une vue détaillée de chacun des chantiers.
Site par site, nous pourrons savoir où en sont les déclarations préalables, les autorisations administratives, l'obtention des permis… En phase travaux, nous suivrons l'avancée de ceux-ci jusqu'à leur réception. Cette plateforme servira aussi à recueillir l'avis de nos locataires via des enquêtes de satisfaction ou à leur communiquer des informations. »