Inauguré fin 2008, le nouveau Centre technique municipal (CTM) de la commune de Saint-Nolff, près de Vannes (Morbihan), a été construit selon une logique de Haute qualité environnementale (HQE). Il abrite 90 m² de bureaux, avec vestiaires et sanitaires, qui répondent à une conception exigeante en terme d’efficacité énergétique. L’enveloppe de cette partie du bâtiment se compose de briques « monomur » avec doublage isolant en laine de chanvre et enduit à base de chaux. Le chauffage est assuré par une pompe à chaleur, tandis qu’un chauffe-eau solaire produit en priorité l’eau chaude sanitaire.
D’une surface d’environ 600 m², la partie ateliers, garage et stockage, fait appel à du parpaing avec bardage métallique. La couverture est supportée par une charpente en bois lamellé-collé. Les deux pans de la toiture culminent à deux hauteurs différentes : occasion d’aménager au droit du faîtage un bandeau translucide vertical à fonction d’éclairage naturel. La partie exposée au sud supporte les capteurs du chauffe-eau solaire, ainsi que les panneaux d’une centrale photovoltaïque de 2,5 kW.
Les descentes d’eaux pluviales sont toutes raccordées à un réseau de collecte enterré qui alimente 3 citernes en béton armé de 10 m3 chacune. Ces cylindres verticaux, alignés au fond d’une même fouille, sont reliés par une canalisation basse et équipés d’un dispositif de ventilation. Ils se remplissent simultanément. Le surplus éventuel peut être évacué vers un collecteur du réseau d’assainissement public par un trop-plein avec siphon.
L’eau est déversée en tête de l’une des cuves, par une canalisation qui traverse la paroi de la rehausse. « Il s’agit de rehausses et tampons en matériau de synthèse fabriqués selon notre propre cahier des charges », explique Xavier Conrardy, gérant de la société Technocean qui a assuré la conception et mise en œuvre complète du système de récupération des eaux pluviales. Premier intérêt : leur hauteur est modulaire. Des nervures facilitent un découpage propre pour adaptation à la profondeur d’enfouissement. Second intérêt : la texture du parement intérieur permet de positionner et maintenir très simplement un filtre panier à grillage inox (tamis de 100microns).
1 pompe de 800 W
Le pompage est assuré par un groupe de surpression Hya-Rain de la société KSB. Encombrement : hauteur de 63 cm, pour une largeur de 41 cm, avec une profondeur maxi de 36 cm. Installé à l’intérieur du bâtiment, dans un local technique, ce module compact à fixation murale abrite sous son capot design deux composants essentiels : une pompe centrifuge multicellulaire autoamorçante et un réservoir de 13 litres raccordé au réseau d’eau potable. Ce dernier est destiné à prendre le relais en cas d’épuisement du stock d’eau pluviale. Alimenté par un robinet à flotteur, il intègre une disconnexion par surverse : le branchement au réseau d’évacuation comporte une garde d’air de 5 cm, hauteur minimale conforme à la norme NF EN 1717. Cette protection évite tout retour susceptible de polluer l’eau destinée à la consommation humaine.
Le corps de la pompe est alimenté par une double tubulure commandée par une électrovanne 3 voies. En temps ordinaire, c’est l’eau pluviale des citernes qui est puisée. Lorsque le niveau devient insuffisant, un interrupteur flottant fait basculer la machine sur le réservoir d’eau potable. Afin d’éviter tout problème d’amorçage, il faut veiller à la pente régulière et continue – sans point bas – de la canalisation d’aspiration. Le surpresseur peut fonctionner seul jusqu’à un décalage de hauteur de 7 m. Au-delà, le fabricant recommande de prévoir en fond de cuve une pompe nourricière d’appoint.
D’une puissance de 800 W, le groupe Hya-Rain développe les caractéristiques maximales suivantes : débit de 4 m3/h (soit 1,1 l/s) et hauteur de refoulement de 43 m. Il se déclenche automatiquement dès que la pression dans le réseau de distribution tombe en dessous de 2,5 bar. Son niveau de bruit est équivalent à celui d’un lave-vaisselle, soit environ 48 à 50 dB(A).Le tableau de commande intègre un interrupteur marche/arrêt, un affichage de la pression de service, un commutateur avec voyants signalant les trois modes de fonctionnement possibles : automatique, marche forcée sur citerne ou sur réservoir d’eau potable. Une version plus sophistiquée, avec sonde complémentaire, permet de connaître la réserve d’eau de pluie disponible.
5 points de puisage
Le surpresseur alimente en eau pluviale les trois WC du Centre technique. Il dessert en plus deux points d’utilisation extérieurs : une aire de lavage des véhicules de service et le futur emplacement d’une serre horticole (qui reste à construire) utilisée pour préparer les plantations de la commune. D’ailleurs, il est prévu que le stockage de 30 m3 serve également à l’arrosage municipal. La conduite de refoulement du Hya-Rain, en direction des 5 points de puisage, est équipée d’un filtre et d’un compteur d’eau. Le réseau de distribution est complété par un réservoir à vessie d’une centaine de litres qui évite les démarrages répétitifs. Les canalisations sont repérées sur toute leur longueur par un pictogramme « eau non potable », comme cela est exigé par l’arrêté du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage.
Rappelons qu’il est possible d’alimenter un robinet de soutirage à condition qu’il soit verrouillable : son ouverture s’effectue à l’aide d’un outil spécifique, non présent en permanence.
L’installation a coûté près de 30 000 euros. « Cet investissement rentre dans le cadre de notre Agenda 21 : nous n’avons pas fait de calcul d’amortissement », indique Marc Le Nivanen, responsable des services techniques de Saint-Nolff. Exemplaire et pédagogique, cette réalisation participe à une politique de développement durable, avec la volonté de faire partager cette préoccupation par la population.
En l’occurrence, il ne s’agit pas d’une première expérience. En 2006, la commune a été amenée à reconstruire des toilettes publiques. Elles ont été alimentées – ainsi d’ailleurs que les WC d’une bibliothèque proche – par une cuve de 20 m3 qui recueille les eaux pluviales de la toiture d’une Maison de l’Enfance. Également réalisée par Technocean, l’installation fait aussi appel à un groupe Hya-Rain. À l’époque, la durée de l’amortissement a été estimée à 8,5 ans.






