Trois équipes de paysagistes et quatorze d’architectes composent depuis hier soir la promotion « Christian Hauvette » (1944-2011) des « Albums des jeunes architectes et des paysagistes » (Ajap). Ce sont au total 225 dossiers d’architectes et 17 de paysagistes qui ont été notés par un collège d’experts puis, dans un second temps, évalués par le jury présidé par Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et coprésidé par Frédéric Borel (Grand Prix national de l’architecture 2010) et Michel Desvigne (Grand Prix de l’urbanisme 2011).
« Il y a trente ans, les paysagistes passaient pour des décorateurs. Aujourd’hui, ils participent de la recomposition dans le temps de territoires trop souvent malmenés », a rappelé Michel Desvigne. Plus tôt dans l’après-midi, les jurés avaient examiné les dossiers des candidats - de qualité très inégale - en regrettant parfois que l’informatique et ses représentations soient aussi « encombrantes », au détriment d’une poésie trop souvent absente. Un participant faisait observer que beaucoup de ces dossiers affichaient « tous ces grands mots que les élus adorent : acupuncture urbaine, mobilité douce, etc. », tandis qu’un autre voyait beaucoup de « grands parcs urbains et de grandes coulées vertes » et bien peu de jardins (revenons aux fondamentaux…).

Qu’importe. Les lauréats dans leur ensemble forment « une génération talentueuse » et portent en eux cette « fraîcheur dont l’architecture française a le plus besoin », a rappelé Frédéric Mitterrand dans son discours. Frédéric Borel, de son côté, soulignait que les Ajap avaient vocation à « encourager la diversité de démarches en proposant un panel de parcours possibles ».
Il n’avait pas manqué de rappeler un peu plus tôt aux jurés la vocation des Ajap : « Il s’agit de révéler les meilleurs. C’est un moment important pour les jeunes architectes, quel que soit l’impact que les Albums peuvent avoir sur leur jeune carrière. Nos choix, éthiques et esthétiques, doivent donc être justes. » Au fil des heures, le jury se sera - aussi - amusé à relever les tendances, manies ou panurgismes d’une génération : souci de l’économie de moyens, obsession pour les « bâtiments-paysages », utilisation du bardage bois ad nauseam, abus parfois néfaste de l’image de synthèse, émergence d’un militantisme architectural assumé, facilité déconcertante à concevoir des villes « autosuffisantes » de deux millions d’habitants aux confins de la Chine sans être capable de mener à bien la rénovation de la longère nantaise de papa… Sans oublier quelques plagiats éhontés et - heureusement - plusieurs équipes à l’humour salutaire (Gens Nouvels), une qualité trop rare dans la discipline…