Adaptation : toutes les solutions sont dans la nature

Le projet européen Life Artisan vise à préserver ou à restaurer les écosystèmes. La France compte dix sites pilotes où différentes méthodes sont mises à l'épreuve.

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Inondations et crues, mais aussi érosion du trait de côte, sécheresse… Les effets du changement climatique sont perceptibles partout. Face à l'intensification annoncée des phénomènes, l'adaptation de nos territoires est indispensable. Si les solutions généralement mises en avant reposent sur la construction d'infrastructures « grises » - comme les digues pour lutter contre les risques de submersion marine -, des actions alternatives et complémentaires existent.

C'est le cas des approches qui reproduisent ou s'inspirent du fonctionnement naturel des écosystèmes. Par exemple, les dunes pour protéger de l'érosion côtière, les zones humides pour absorber l'eau en cas d'inondations, la diversité des essences d'arbres en forêt pour la rendre moins vulnérable… Regroupées sous le terme de « Solutions d'adaptation fondées sur la Nature » (SafN), elles découlent d'un concept défini par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Leur principal intérêt : elles permettent, sans accroître les émissions carbone, de s'adapter au changement climatique tout en préservant la biodiversité.

Montée en compétence. Mieux faire connaître ces différentes techniques grâce à des expérimentations concrètes, tel est l'objet principal du projet européen Life Artisan. Doté d'un budget total de 16,7 millions d'euros sur une durée de huit ans (2020-2027), il est piloté par l'Office français de la biodiversité. Son objectif est triple : démontrer et valoriser le potentiel des SafN, sensibiliser et faire monter en compétences les acteurs sur cette thématique, et enfin accompagner et amplifier les projets de SafN sur tout le territoire. Il associe ainsi 27 partenaires, parmi lesquels l'Ademe, le Cerema, plusieurs agences régionales de la biodiversité, des collectivités locales… Diverses actions sont en cours, dont dix démonstrateurs qui adaptent les solutions fondées sur la nature à différents contextes et enjeux.

Plusieurs projets visent par exemple à contenir les inondations. En ville, il s'agit notamment d'infiltrer l'eau de pluie là où elle tombe, pour réduire le ruissellement et le risque de surcharge des réseaux. Les bénéfices sont multiples, parmi lesquels la création d'îlots de fraîcheur ou le renforcement de la biodiversité urbaine. La ville des Mureaux (Yvelines) vise un abattement de 20 °C de la température du sol en remplaçant les 6 200 m² d'enrobé d'une cour d'école par des matériaux drainants et naturels (lire pages précédentes). « Nous voulons d'abord démontrer le pouvoir de réponse des SafN, puis lister nos recommandations pour accompagner les porteurs de projets similaires. Il est primordial que le recours à ces solutions soit systématique et déployé à grande échelle », explique Laëtitia Blachère-Maruejouls, responsable du service Adaptation au changement climatique à la mairie des Mureaux et pilote du projet Life Artisan.

Chantiers pédagogiques. Sur la même thématique, la métropole du Grand Lyon revoit l'aménagement de certaines rues avec des « arbres de pluie » (lire ci-dessous). La Ville fait réaménager les fosses des arbres pour leur offrir davantage d'eau et d'espace pour leurs racines. L'agglomération a déjà publié un guide sur le sujet, qui présente en détail et avec force schémas les différentes étapes pour revoir les dimensions des fosses et favoriser la circulation de l'eau dans le sous-sol.

« Pour aider à développer les solutions fondées sur la nature, il faut d'abord les faire connaître au plus grand nombre », indique Hervé Caltran, responsable de ce projet à la métropole de Lyon. « Nous allons donc prochainement présenter les résultats du suivi sur quatre ans des arbres de pluie mis en place à Lyon, mais aussi à Villeurbanne, à Vénissieux et à Couzon-au-Mont-d'Or », annonce-t-il.

Enfin, de son côté, le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises organise des chantiers pédagogiques destinés à remettre au goût du jour des pratiques anciennes pour éviter de dégrader les sols lors du prélèvement des grumes en forêts (lire ci-dessous). Des expérimentations tellement variées que chacun pourra y trouver une source d'inspiration.

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