« Cette décision prise contre toute attente est pitoyable et va à l’encontre des engagements pris par l’Etat », s’insurge Jean-Christophe Louvet, président de la FRTP des Pays de la Loire. « Comment pouvons-nous nous repérer si ce qui était vrai le vendredi ne l’est plus le lundi ? », s’interroge-t-il. Hughes Fourage, député PS du sud-Vendée, considère également que « l’Etat ne respecte pas sa parole puisque tous les arbitrages avaient été pris sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ».

L’incompréhension est d’autant plus forte que ce projet dont la délégation d’utilité publique date de 2005, fait plutôt consensus auprès des élus locaux et des habitants. « Il s’agit d’un projet de territoire qui dépasse les clivages politiques », fait valoir Suzanne Tallard, député PS de Charente-Maritime, soulignant « le profond mépris » ressenti par l’ensemble des acteurs au lendemain de l’annonce de madame Royal. « Lorsque Ségolène Royal présidait la région Poitou-Charentes, elle n’était pas opposée au projet, mais elle refusait de participer à son financement », ajoute Suzanne Tallard ne comprenant pas cette décision « prise sans discussion ni rencontre avec les porteurs de projet ».
Les arguments de la ministre seraient de plus « fallacieux » et infondés, puisque les points de blocage concernant le coût et les risques environnementaux ont été résolus. « Des études environnementales complémentaires ont estimé à 125 millions d’euros le surcoût pour respecter la biodiversité que les collectivités se sont engagées à payer », rappelle Laurent Piha, président du club des entreprises du Pays de Fontenay-le-Comte (Vendée) et dirigeant de l’entreprise d’électricité générale SDEL Océan. Quant au coût de l’équipement, Ségolène Royal annonce 900 millions d’euros à la charge du contribuable, or « le montant exacte doit être déterminé par les réponses à l’appel d’offre et une partie sera prise en charge par le concessionnaire », ajoute Laurent Piha.
La pilule passe d’autant plus mal que ce projet revêt tant des enjeux d’aménagement du territoire que de développement économique. « C’est un coup dure pour le sud-vendéen et le nord de la Charente-Maritime », regrette Laurent Piha, « car un échangeur autoroutier est un facteur de développement économique à court terme (pendant les travaux) et à long terme (élément d’attractivité) ». Les professionnels des travaux publics comptaient sur ce projet pour booster des carnets de commandes vides.
Dès lors, élus et chefs d’entreprises ont écrit séparément au Premier ministre pour lui demander son arbitrage. « Nous ne vous demandons pas d’autoriser la construction de l’A831. Nous vous demandons simplement de nous permettre d’aller au bout de la procédure de consultation des entreprises afin de connaître le coût réel de cette réalisation », écrivent les premiers dans leur courrier.
De son côté, Ségolène Royal a reçu le soutien de son successeur à la région Poitou-Charentes, Jean-François Macaire. « Il faut privilégier l’amélioration des infrastructures existantes avant d’en envisager de nouvelles », assure-t-il dans un communiqué. Toutefois, la ministre a écrit lundi 28 juillet à Jacques Auxiette pour rouvrir le dialogue et « examiner le dossier sur le fond ». Une ouverture pour calmer le jeu puisque tant les élus que les responsables économiques annoncent « des actions médiatiques et d’éclat à la rentrée » si ce projet devait être enterré.