Réalisée en 18 mois seulement pour s’intégrer dans le calendrier du Plan France Relance, la rénovation énergétique de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Montpellier (Ensam) a constitué un challenge pour les équipes de Technal et de Lorillard, l’entreprise retenue pour le chantier. Le projet visait une réduction de 60 % des consommations énergétiques de l’école, y compris l’extension réalisée en 2002, mais en intervenant seulement sur les 5000 m² du bâtiment d’origine, construit en 1978. Le tout, en respectant la valeur patrimoniale d’un ensemble labellisé « Architecture Contemporaine Remarquable ». Tout l’enjeu de la rénovation a donc été de « trouver une réponse esthétique aux enjeux du changement climatique », comme le résume le directeur de l’Ensam, Thierry Verdier. Associés dans le concours mené en conception-réalisation, l’entreprise générale EGM (mandataire) et l’architecte Benoît Maignial ont misé sur le renforcement de l’enveloppe avec l’isolation thermique des toitures, des planchers bas, et des parois verticales des espaces chauffés. Mais c’est sur le remplacement des éléments de façade qui assurent le remplissage de la structure béton que l’essentiel des efforts a porté.

Des « façades vivantes »
L’ensemble des murs-rideaux et des menuiseries d’origine ont été déposés pour être remplacés par des solutions mises au point avec Technal. L’idée générale a été de faire des nouvelles façades « une peau active, avec des usages techniques autant qu’une valeur architecturale », explique Benoît Maignial. Meilleur exemple de cette approche : les meneaux séparant les éléments des murs-rideaux, où ont pu être positionnées les gaines techniques - ce qui a facilité la réalisation des travaux en site occupé -, mais aussi des ouvrants de ventilation de 11 cm de large, qui favorisent l’aération naturelle. Ces ouvrants font partie des solutions sur-mesure développées par Technal pour l’Ensam, qui comprend aussi le capot des épines verticales en forme de U (85 x 52 mm), dont la profondeur a nécessité plusieurs essais pour valider la pérennité du thermo-laquage. « Le défi a été de développer et dans des délais très courts des réponses d’ingénierie qui s’inscrivent dans les contraintes patrimoniales du projet », rapporte Lionel Benitah, ingénieur d’affaires Technal.
Et après la conception des éléments de murs-rideaux, c’est leur mise en oeuvre qui s’est révélée complexe, compte tenu de la présence de voutains de plancher qui ont contraint les équipes de pose à traiter l’essentiel des façades en deux ouvrages distincts, et des irrégularités dans la structure béton d’origine. « Nous avons d’abord monté les structures des murs-rideaux puis repris les mesures pour adapter au cas par cas le remplissage, notamment entre les voutains. S’y sont ajoutés les contraintes d’accès au bâtiment central, qui ont compliqué la manutention des éléments situés en hauteur », détaille Arnaud Maltête, conducteur de travaux principal pour Lorillard Entreprise. Au final, ce sont 1100 m2 de murs-rideaux Geode de Technal qui ont été mis en oeuvre en un an de chantier, ainsi que 20 portes et 30 fenêtres Soleal 65, 120 ouvrants de ventilation Flap 65, et 2 portes à usage intensif Titane. Soit 20 tonnes d’aluminium en Hydro Cercal 75R, issus à 75% du recyclage du matériau, pour un gain carbone évalué à 30 tonnes de CO2 sur le chantier.
Une protection solaire passive
La dimension environnementale s’est aussi traduite par le recours à des vitrages innovants, mis au point par la société toulousaine Immoblade, qui intègrent des brise-soleil aux lames fixes et miniaturisées au coeur du double vitrage. Cette solution passive s’appuie sur un logiciel spécifique, qui définit pour chaque façade, en fonction de son orientation, l’inclinaison des stores afin de maximiser les apports solaires l’hiver pour les limiter, à l’inverse, pendant les mois d’été. Vu de l’extérieur, la présence de ces lames crée des jeux de reflets de la lumière qui se combinent au choix d’un vitrage émaillé et à la teinte brun gris (référence Atome), légèrement texturée, choisie pour les profilés alu sur la préconisation de l’architecte des Bâtiments de France. Engagé dans la première édition du palmarès « Réhab XX » récompensant les rénovations exemplaires de bâtiments d’après-guerre, le chantier de l’Ensam en a été le lauréat dans la catégorie Enseignement.
