A Bordeaux, des paysagistes en herbe et en grève

Mécontents de la réforme à venir de leur diplôme, les étudiants de la formation paysage de l’Ecole nationale de Bordeaux ont cessé les cours depuis le 21 novembre. Ils attendent leur rencontre avec le ministère de la Culture du 17 décembre prochain.

Image d'illustration de l'article
Le 21 novembre dernier, les étudiants bordelais entamaient leur mouvement sur le site d’une icône du paysage français, le miroir d’eau créé par Michel Corajoud.

A partir de la rentrée 2015, les aspirants paysagistes ne se prépareront plus à décrocher un diplôme DPLG, comme c’était le cas depuis quarante ans, mais un diplôme d’état, le DEP. La réforme était attendue de longue date, notamment pour que le nouveau parchemin soit plus conforme au système LMD (licence maîtrise doctorat) qui suit les standards d’enseignement supérieur européens. Pourtant le décret du ministère de l’Agriculture, signé le 24 novembre dernier et portant création du diplôme, est loin de satisfaire les étudiants de la formation paysage de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux (EnsapBx). Ils sont quelque 90 à s’être mis en grève dès le 21 novembre, avec le soutien de leurs enseignants.

Cette école est l’un des quatre établissements en France concernés par la réforme avec l’Ensap de Lille, l’école nationale supérieure du paysage (ENSP) de Versailles et l’Ecole nationale supérieure nationale de la nature et du paysage (ENSNP) de Blois. Pour ses élèves, les dispositions prévues par le décret « isolent la formation des paysagistes en l’enfermant dans un système complexe et obsolète d’évaluation par concours et dans un cursus à la temporalité très spécifique », comme le souligne le texte de leur pétition en ligne.

« Cycle préparatoire »

« Le décret prévoit en effet que le nouveau diplôme d’Etat s’obtiendra en trois ans, alors que jusqu’ici le DPLG en nécessitait quatre », note un des étudiants grévistes qui déplore que la formation s’en trouve raccourcie. Accessible à Bac+2, il collerait donc bien aux critères du système LMD en donnant, au final, un niveau Bac+5 aux diplômés. D’ailleurs le texte du gouvernement précise qu’il entre « dans la catégorie des diplômes éligibles au grade de master. »

Le hic serait davantage dans l’organisation du Bac+2 préalable. Il pourra se faire en suivant un cursus extérieur et dès lors, les candidats à la formation au DEP passeront un concours d’entrée. Ou alors, ils pourront choisir une voie interne. Le décret prévoit en effet que les écoles, si elles le souhaitent, pourront mettre en place un « cycle préparatoire » de deux années. Pour les grévistes, il ne correspond toutefois en rien à un véritable premier cycle « et cela ne garantit pas l’accès à la formation au DEP puisque ces étudiants là devront aussi passer un concours d'admission», poursuit l’étudiant. « Le risque pour ces élèves, s’ils échouent, est donc de se retrouver hors circuit », note l’enseignant Serge Briffaud, qui regrette « qu’un modèle "école", sans articulation avec l’université, soit privilégié ».

L’espoir des protestataires, maintenant que le décret est paru, est de pouvoir influer sur la rédaction des arrêtés qui en découleront. Ils ont rendez-vous le 17 décembre au ministère de la Culture et de la Communication, leur tutelle (*).

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires