L'annonce a été faite lundi 3 novembre par le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, lors de la signature du "contrat de performance" qui va lier l'Etat et Réseau ferré de France (RFF), propriétaire des voies, pour plusieurs années.
C'est un peu le "marronier", ce sujet médiatique récurrent, dont on aimerait ne plus parler: le mauvais état de certaines lignes de chemin de fer et les incidents qui en découlent, dénoncés par les usagers et le gouvernement. Les épisodes les plus récents : les ruptures de caténaires en août et septembre (et encore durant le week-end de la Toussaint), qui ont été à l'origine de pagaille monstre pour le trafic et créé des retards en cascades pour des milliers de voyageurs. Mais il semble que cette fois l'Etat aie décidé de mettre les moyens. '"Un effort absolument sans précédent", pour le ministre du Budget Eric Woerth; une "nouvelle bataille du rail" pour le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Concrètement, "l'Etat consacrera 13 milliards d'euros à la rénovation de l'infrastructure entre 2008 et 2015", a déclaré lundi 3 novembre par le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau. L'objectif est de porter à 2 milliards par an les sommes allouées à la rénovation à l'horizon 2015, soit plus que "le doublement" des quelque 900 millions investis en 2006 et en 2007, a précisé Hubert du Mesnil, président de RFF, qui, à l'instar de tous les acteurs du secteur, demandait depuis des années des investissements massifs dans le rail. Ces engagements vont permettre d'enclencher "une dynamique qui va rompre avec le cercle vicieux d'un réseau qui se dégrade", s'est réjoui M. du Mesnil.
Les nouvelles missions de RFF
Les sommes seront financées par le "paquet" Grenelle de l'Environnement et par "des redéploiements" d'investissements de la route vers le rail, a précisé l'entourage de M. Borloo.
La hausse des investissements de rénovation lourde devrait aussi permettre de diminuer les sommes dépensées pour l'entretien courant, ont aussi expliqué M. Bussereau et du Mesnil.
Même si l'Etat s'engage noir sur blanc à porter ses investissements à 13 milliards en 2015, les détails du "contrat de performance" signé lundi ne portent que sur la période 2008-2012.
Aux termes de ce contrat, une première dans l'histoire de RFF, créé en 1997, l'établissement public s'engage sur 33 points de performance que l'Etat vérifiera périodiquement, a aussi expliqué Eric Woerth. RFF a notamment pour mission d'aider à renforcer le fret ferroviaire en difficulté chronique, continuer la réforme des péages ferroviaires pour qu'ils couvrent mieux le coût réel du passage des trains ou encore contribuer à améliorer l'offre de transport régional, saturé aux heures de pointe. "Le surcoût (des péages) sera intégralement compensé par l'Etat", a précisé M. Bussereau.
L'entreprise a aussi pour "vocation" d'ouvrir le réseau au marché européen, a souligné Hubert du Mesnil. Effective depuis 2003 dans le fret, l'ouverture sera étendue début 2010 aux lignes internationales de transport de voyageurs. Côté maintenance, RFF aura renouvelé, en 2012, 3.940 km de voies et 1.430 appareils de voies (aiguillages...) ou encore supprimé 50 passages à niveau.
RFF, lesté depuis sa création d'une partie de la dette de la SNCF -28 milliards aujourd'hui- et en déficit chronique, devra dégager en 2011 un chiffre d'affaires de 4 milliards (contre moins de 3 mds en 2007) et passer dans le vert, avec un bénéfice net de 500 millions d'euros.
Adrien Pouthier avec AFP