La requalification d'un foncier de 2 hectares entre l'hôtel de ville de Roanne (34 400 hab., Loire) et les halles Diderot est un projet au long cours comme l'explique Yves Nicolin, son maire (LR) : « Dès 2014, nous avions constaté un déséquilibre entre l'offre commerciale de la périphérie qui se développait au détriment de celle du centre-ville. Pourtant, des enseignes avaient besoin de surfaces comprises entre 100 et 300 m². » Le site Foch-Sully, qui abritait une ancienne imprimerie et de l'habitat dégradé, a été ainsi ciblé par la municipalité pour renforcer son attractivité. Ella a acquis cette friche urbaine pour 10 M€ et démoli les constructions existantes.
Et pour conduire ce projet d'aménagement (ZAC), l'élu, conseillé par le groupe Scet (Caisse des dépôts), s'est tourné vers un nouvel outil, né de la loi du 1er juillet 2014, permettant la création des sociétés d'économie mixte à opération unique (Semop) pour la « réalisation d'une opération de construction, de développement du logement ou d'aménagement ».
« Besoin d'opérateurs privés ». La Semop Foch-Sully a ainsi été créée en 2018, associant la Ville, actionnaire à hauteur de 34 % du capital de 1,5 million d'euros, Serl@immo (34 %), filiale du groupe Serl spécialisée dans le portage et la gestion d'opérations immobilières retenues sur appel d'offres, et la Banque des territoires (32 %). « Une ville comme la nôtre ne pouvait porter seule un tel projet. Nous avions besoin de faire venir des opérateurs privés, et avoir la Banque des territoires au capital de la Semop les a rassurés », précise le maire.
La Ville a ensuite passé une concession d'aménagement avec la société d'économie mixte pour conduire le projet. « Cet outil permet à la collectivité d'être davantage impliquée dans le pilotage de l'opération », souligne Sébastien Donguy, directeur général de la Semop Foch-Sully. Initialement, le promoteur Sogeprom était engagé dans la Semop mais, au sortir de la crise sanitaire, il n'était plus en capacité de réaliser le projet. « La Serl a racheté les parts de Sogeprom, et nous avons commercialisé les terrains à bâtir auprès du promoteur Noaho », précise le directeur général. Une nouvelle équipe de maîtrise d'œuvre a également été choisie (1) et le programme remanié. « Nous nous sommes rendu compte que les attentes avaient changé. Aussi, l'offre de logements a été augmentée et repensée pour proposer des espaces extérieurs plus généreux tandis que la constructibilité commerciale a été revue à la baisse. Le projet d'hôtel initialement prévu a été abandonné », indique Yves Nicolin.
Les travaux de terrassement ont débuté le 13 mars et ceux des constructions cet été. Les logements sociaux seront vendus en Vefa au bailleur social Opheor, et l'ensemble des surfaces commerciales ont été achetées par un investisseur unique (Sodes) tandis que le groupe Steva acquerra et exploitera la résidence seniors.
La Semop réalisera, en maîtrise d'ouvrage directe, les espaces publics piétons et modes doux ainsi que le parking silo de 300 places qui seront cédés à la Ville.
Cet aménagement nécessite un peu plus de 100 millions d'euros d'investissements public et privé. Ceux portés en direct par la Semop (acquisitions foncières, études, travaux des espaces publics et parking) s'élèvent à 33 millions d'euros HT. Le promoteur injectera 55 millions d'euros HT et les deux investisseurs 10 millions d'euros HT chacun. Le projet bénéficiera de 26 millions d'euros de contribution de la Ville et 4,5 millions d'euros de la région Auvergne-Rhône-Alpes et attend le montant de la participation de l'Etat au titre de la dotation de soutien à l'investissement local. La fin du chantier, attendue pour le dernier trimestre 2025, signera également la disparition à la Semop.
