Doucement mais sûrement. Ce pourrait être la devise de Philippe Boroni, 50 ans, ingénieur en génie civil et P-DG de l’entreprise de travaux publics TPE, spécialisée dans les travaux routiers. Bientôt dix ans qu’il instille le développement durable au sein de cette société coopérative de production (Scop). A un rythme qu’il veut progressif : « A être trop directif ou trop pressé, on n’obtient que des effets pervers », affirme-t-il. Aujourd’hui, ce dirigeant dresse son bilan RSE (responsabilité sociale de l’entreprise). Mené avec la FNTP, ce diagnostic mesure l’attention portée aux préoccupations sociales et environnementales par l’entreprise.
Pour le P-DG, cette démarche formalise l’ensemble de la politique développement durable de TPE. « Nous sommes désormais mûrs pour passer à cette étape supérieure. Elle permettra de structurer nos efforts actuels et futurs », se félicite-t-il. Si l’entreprise actionne aujourd’hui l’ensemble des volets du développement durable (économique, environnemental et social), son entrée dans la démarche a d’abord été économique. En 2000, la raréfaction des centres d’enfouissement des matériaux tirait à la hausse les prix de leur mise en décharge. « Nous voulions réduire ces coûts. C’est pourquoi nous avons convenu de retraiter nos déblais pour les réutiliser. » Le tri et recyclage des déblais ont posé des problèmes au début. Philippe Boroni se souvient par exemple de cette brouette cassée ou de ce tuyau retrouvé dans le stock de déblais à retraiter. Sans oublier les réactions de certains clients, frileux à l’idée de payer des matériaux qui « ont déjà servi ».
Autant de mesures qu’il inscrit dans une stratégie à long terme : « Je suis prêt à investir pour préserver les ressources naturelles. Mais je dois aussi composer avec la réalité économique. Faire du développement durable uniquement pour se donner bonne conscience ne permet pas de construire une politique de long terme. »
Recruter des jeunes éloignés de l’emploi
D’autres initiatives naîtront par la suite. Certaines à vocation plus sociale que mercantile. C’est le cas de la formation et de l’embauche de mineurs placés sous contrôle judiciaire au sein de TPE. « Ces jeunes ont besoin de relais pour les mener vers le monde de l’entreprise. Il faut leur offrir une chance. »
A l’instar des chantiers, le développement durable s’invite également dans les couloirs de l’entreprise. Economie de papier, valorisation des déchets informatiques, tri des cartouches d’encre… le personnel de bureau multiplie les bonnes pratiques.
Pour asseoir sa politique, Philippe Boroni a recruté début 2008 une animatrice entièrement dédiée à la sécurité et l’environnement. Sa mission : conforter les mesures prises et initier de nouvelles actions. « J’ai souhaité que cette personne soit novice dans nos métiers. Sans idées préconçues, elle se montrera davantage à l’écoute. Ainsi, son action avancera avec l’entreprise », précise-t-il. Economie, social, environnement, TPE œuvre sur les trois volets du développement durable et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En attendant les résultats du bilan RSE, Philippe Boroni réfléchit déjà aux nouvelles actions à engager.
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