Longue et sinueuse rocade périurbaine de près de 2,6 kilomètres de longueur, l'avenue Pierre-Mendès-France constitue le principal accès au sud-est de Montpellier à partir de l'aéroport et de l'autoroute A7. Confié aux paysagistes Michel Desvigne et Christine Dalnoky, à l'issue d'un concours organisé en 1991, son élargissement à deux fois deux voies et son réaménagement - retardé en raison de difficultés foncières - sont aujourd'hui achevés. Entre apologie du chaos périurbain et tentation de réintégrer les entrées de ville dans le code d'une urbanité classique, la proposition de Michel Desvigne s'est distinguée par le souci de définir le prototype d'une « troisième voie » en s'appuyant sur les caractéristiques spécifiques de ce morceau de territoire, situé à mi-chemin de la ville dense et de la campagne. Partant de l'observation d'une urbanité frontalière (Michel Desvigne parle aujourd'hui de « nature intermédiaire »), le paysagiste a développé l'idée - à l'exemple de certaines villes américaines - d'une parkway (littéralement « route de parc » qu'il distingue du « boulevard urbain ») serpentant sous les frondaisons aériennes d'une forêt de pins. Pour donner de la profondeur de champ à cet étroit corridor d'espace exclusivement parcouru à 80 kilomètres heure, les 14 000 pins parasols et d'Halep qui composent la forêt ont été plantés « en coulisse » de part et d'autre de la rocade, mais également entre l'ancienne et la nouvelle voie dont les tracés présentent pour cela de légères variations de parallélisme. Afin d'amplifier le caractère aérien de cet ouvrage d'art slalomant entre les arbres quelques mètres au-dessus du sol, Michel Desvigne a éliminé presque tous les équipements routiers traditionnels (bordures et glissières), exception faite des éclairages implantés en retrait. Egalement concepteur du rond-point marquant le départ de l'avenue, le paysagiste a, là encore, fait le choix du minimalisme, en dépit du souhait des responsables montpelliérains d'en faire un symbole de l'entrée dans la ville. S'il est un signe, en effet, le rond-point l'est avant tout du caractère empirique de la démarche de Michel Desvigne : sa forme - ni circulaire ni elliptique, mais ovale - épouse sa fonction sans l'ombre d'une autre connotation, exception faite d'une allusion à la figure du boulingrin (1). A l'évidence, l'empirisme minimaliste de Michel Desvigne a conquis les élus montpelliérains, puisqu'à la suite de ce premier concours, commande a été passée au paysagiste d'un schéma directeur du paysage de l'ensemble du secteur délimité par l'avenue et l'autoroute A7, à partir du rond-point jusqu'aux rives du Lez, sur une superficie de près de... 1 200 hectares. Héritant du tracé viaire préexistant, le paysagiste a fait le choix d'introduire des plantations en bosquet le long des axes nord-sud et en alignement le long des axes est-ouest. Le premier type de plantation correspond à celui suscité naturellement par le cours, également nord-sud du Lez et de la Lironde. Le second, à la volonté des hommes de se protéger du mistral, soufflant du nord.
(1) De l'anglais bowling-green, espace dévolu au jeu de boule, devenu séquence traditionnelle du jardin classique français ; l'entrée du jardin des Tuileries dessinés par Le Nôtre en est un exemple.
FICHE TECHNIQUE (p.137) :
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Montpellier
Maîtrise d'ouvrage opérationnelle : Société d'équipement de la région montpelliéraine (Serm)
Maîtrise d'oeuvre : Desvigne & Dalnoky, paysagistes, pour la phase conception ; services de la Ville de Montpellier pour la phase exécution
Eléments quantitatifs : longueur, 2 650 mètres ; 14 000 arbres plantés
Coût travaux : 110 millions de francs HT, dont 20 millions de francs HT de plantation (valeur 1991)
Calendrier : concours 1991 ; travaux première tranche 1992 ; travaux deuxième tranche 2000
Principales entreprises ou fournisseurs : plantation et paysage, BRL
PHOTO DESSIN :
En écho à végétation locale, le choix des essences répond à la nécessité de se protéger du mistral.
Les paysagistes Michel Desvigne et Christine Dalnoky ont planté 14 000 pins «en coulisse» de part et d'autre de la rocade afin de donner de la profondeur de champ à cet étroit corridor.