A Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), une opération de 27 logements sociaux PLUS, traitée sous forme d’habitat en bandes R 1, affiche l’image tranquille d’une sorte de « pays de Cocagne » du logement social. En effet, pour concevoir le prototype d’une maison à deux appartements (un par niveau) et la dupliquer ensuite treize fois sur deux parcelles mitoyennes, les architectes Jean-Luc Calligaro et Bruno Palisson n’ont pas hésité à s’inspirer de l’imagerie enfantine et des contes.
La « maison-type » possède ainsi une façade sur pignon percée de quatre fenêtres, avec une toiture à deux pentes en fibrociment d’aspect ardoise, au profil souligné par une bavette métallique. De même, la porte d’entrée de l’appartement à rez-de-jardin est-elle située, comme dans un dessin d’enfant, bien au centre de la façade. Avec ce langage simplifié, le volume extérieur de la maison est alors le plus compact possible, limitant autant que faire se peut les « aspérités » dues au second œuvre. Comme le montrent les chéneaux d’écoulement des eaux pluviales, qui, au lieu d’être en débord, sont intégrés en haut du mur, cachés dans l’épaisseur de la charpente (un mode de mise en œuvre habituellement exclu du logement social). De même, les architectes ont-ils réussi – après six mois de négociations – à convaincre la maîtrise d’ouvrage de placer les voitures hors de vue des habitations, pour les remiser sur des parkings non couverts. Ce qui permet à l’habitat de se développer dans un espace vert exclusivement piétonnier, participant à une atmosphère bucolique faite de petits jardins privatifs et d’un autre, collectif, savant mélange de broussaille et d’arbres.
Isolation «trois étoiles». Dans cette cité-jardin, chaque maison conçue à partir de ce modèle unique décline sa propre identité grâce à un traitement de façade particulier. « Pour y parvenir avec un budget limité (1 000 euros/m2, VRD compris), nous n’avions plus qu’à varier les matériaux et les détails de menuiserie », explique Bruno Palisson. Avec des murs en parpaings bardés en lames de sapin ou simplement enduits et talochés en bleu, jaune et or, l’alignement des maisons évoque celles des « Trois petits cochons » : paille, bois ou briques. Dans la même veine, les détails des percements (encadrement maçonné de fenêtre, balcon métallique, volet roulant ou coulissant) sont différenciés jusqu’à obtenir un effet proche d’un style naïf. Tel ce volet qui coulisse sur le côté dans l’épaisseur de la maçonnerie. Un détail esthétique qui présente l’avantage de limiter l’usure et les risques de déraillement. « Ce type de détail, important pour nous et d’apparence très simple à exécuter, a eu en réalité beaucoup de répercussions sur la composition des murs, pour conserver une bonne isolation thermique et acoustique », expliquent les architectes. Là où la maçonnerie a été amincie de l’épaisseur du volet, l’isolant intérieur en laine minérale a été épaissi jusqu’à 10 cm.
Trois étoiles Qualitel. Cette attention sur la thermique et l’acoustique se retrouve sur les fenêtres à double vitrage de 44 mm d’épaisseur. De même, les nuisances sonores liées aux locaux humides et à la ventilation ont été réduites en limitant les gaines grâce au regroupement des locaux, et en isolant leurs parois à l’aide de laine minérale. L’isolation acoustique entre appartements contigus n’a pas été oubliée grâce à 2 cm d’enduit plâtre supplémentaire de chaque côté du mur mitoyen. Des performances qui ont valu à l’opération de décrocher les trois étoiles du label Qualitel. Auquel est venu s’ajouter, pour les architectes, le 13e prix d’Architecture contemporaine décerné par le CAUE de la Seine-et-Marne !



