La médiathèque James-Baldwin, étendard parisien du label Biodivercity Construction

Première opération de la ville de Paris titulaire du label Biodivercity Construction, la médiathèque James-Baldwin, signée par Philippe Madec avec l'agence de paysage Mutabilis, achèvera en juin sa période de garantie de parfait achèvement. La pleine terre, les toitures terrasse et le jardin aquatique figurent parmi les points  forts des 4500 m² d’espaces plantés, à l’issue d’un investissement de 29 M€ HT.

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La médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe
La médiathèque parisienne James-Baldwin fait partie des premiers équipements publics titulaires du label Biodivercity Construction.

La floraison rose du prunus padius semble adresser la bienvenue aux passants, sous le soleil frais des premiers jours du printemps. « Un changement de programme, en cours de chantier, a transformé en place publique cet espace d’abord conçu comme un parvis dédié aux usagers de la médiathèque et de la Maison des réfugiés », explique Nolwenn Bordron, conductrice d’opération à la direction des constructions publiques et de l’architecture de la ville de Paris.

Ajustement des herbacées

Corollaire de l’ouverture vers la ville des deux bâtiments construits pour stimuler les échanges interculturels, la palette végétale doit, elle aussi, s’adapter à la nouvelle donne. « Nous n’avions pas anticipé les piétinements des espaces en pleine terre, sur la strate herbacée », reconnaît Philippe Jacob, responsable du département Biodiversité et Animal en ville à la direction des espaces verts et de l’environnement. Entre les arbres, ce premier retour d’expérience incite à la plantation de buissons, dans le cadre du lot d’espaces verts attribué aux entreprises Terideal et SNTPP.

Les abords de la médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe
Les abords de la médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe Les abords de la médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe

Le réajustement de la palette végétale permettra de remédier aux piétinements mal anticipés. © Laurent Miguet

Mais pour l’essentiel, la comparaison entre l’avant et l’après répond aux attentes du maître d’ouvrage. Le réaménagement entraîne l’inversion des proportions entre les surfaces imperméables et filtrantes : ces dernières occupent désormais 70 % de la place, au lieu de 30 % dans l’ancien parvis attenant à la maison des réfugiés et à l’ex-lycée hôtelier, reconverti après sa fermeture en centre d’hébergement d’urgence avant d’entrer dans sa nouvelle vocation de médiathèque du XIXe arrondissement, en juin 2024.

Du jardin à la cuisine

Outre cet équipement municipal, le programme offre aux compagnons d’Emmaüs un centre de formation qui inclut des cours de cuisine. A l’arrière des deux bâtiments, les productions des jardins gérés par l’association des Paysans urbains contribuent aux fournitures nécessaires à ces apprentissages. Cette liaison courte démontre une volonté d’associer les usagers à la biodiversité ordinaire.

Le label biodivercity Construction fait partie des expressions du volontarisme de la ville, sur ce sujet : la direction des constructions publiques et de l’architecture a financé la formation de Nicolas Pasquale, en qualité d’assesseur. Instructeur du dossier soumis à la vérification de Deloitte pour le compte du Conseil international immobilier et biodiversité (Cibi), l’écologue montre sur son téléphone la matérialisation du résultat : le diplôme du 19 mai 2022, avec trois notes A et une note B.

Un pionnier brillant

Un seul A aurait suffi, à condition qu’aucun des autres critères ne descende sous la barre du C, dans une notation dont l’échelle va de A à E. Parmi les premières opérations publiques détentrices du label du Cibi, la ville de Paris réussit le sans faute sous les prismes de l’engagement du maître d’ouvrage, de la qualité de la conception qui incombe au tandem Philippe Madec (architecture) Mutabilis (Paysage) et du potentiel écologique. « Dans tous les dossiers, le quatrième axe, qui cible les aménités offertes aux usagers, se révèle le plus difficile à suivre », constate l’assesseur municipal.

Au centre du patio aménagé en pleine terre et qui sépare la médiathèque du centre de formation, un charme attire les regards et illustre la complicité recherchée avec les lecteurs et les élèves. Partie prenante d’un système de circulation d’air qui concourt à la conception bioclimatique, cet îlot de fraîcheur central montre l’étroite imbrication entre la matière vivante et le projet architectural.

Précieuse zone humide

Sur le côté opposé au parvis, la lutte contre les îlots de chaleur urbaine prend la forme d’une planche d’eau. Peu profonde et non stagnante pour éloigner les moustiques tigre, elle agrémente le « jardin d’ombre », bientôt ouvert aux lecteurs après la levée des dernières réserves et la pose des nichoirs qui ciblent le moineau domestique. « Paris manque de zones humides et la reconstitution d’une trame bleue fait partie des cibles majeures du plan biodiversité », commente Philippe Jacob.

La médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe - Le toit terrasse
La médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe - Le toit terrasse La médiathèque James- Baldwin à Paris XIXe - Le toit terrasse

La toiture terrasse végétalisée répond aux critères du PLU bioclimatique. © Laurent Miguet

L’inscription de la médiathèque dans la planification écologique de la ville se manifeste jusque sur les toitures terrasse. « Leur portance ne nous a pas permis d’aller au-delà des plantations semi-intensives, soit moins de 24 cm de terre, ou extensives, soit 8 cm », précise Nicolas Pasquale. Malgré cette contrainte, la médiathèque James-Baldwin passe largement les seuils recommandés par le plan local d’urbanisme bioclimatique pour les réhabilitations, soit un indice de végétalisation du bâti (IVB) supérieur à 2,5, dans une notation qui va jusqu’à 5.

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