Quand en 2006, Christian Ferrini, co-gestionnaire de Ferrini BTP, reçoit le diplôme envoyé par le ministre Renaud Dutreil, il est surtout perplexe. Il ne connaît ni le statut de gazelle ni les avantages qu’il lui confère. Il n’ira donc pas plus loin dans les démarches.
Ce curieux courrier venait pourtant saluer les performances de son entreprise. En 2004, le chiffre d’affaires a progressé de 54 % pour atteindre 1,7 million d’euros. Un record qui s’explique par une stratégie offensive menée dès 1999. Jusqu’alors, « je courais derrière les devis tout en étant présent sur le chantier. Je voulais me rendre plus disponible pour la gestion », se souvient Christian Ferrini. Vincent Denisi, ami et patron de Seabapic, entreprise de maçonnerie générale, est dans la même situation. Ils conviennent que Ferrini BTP rachète le fonds de commerce de Seabapic en 2000. « Moi en homme de gestion, Vincent en homme de terrain, notre binôme se complétait. »
Changement de stratégie. Ils cadrent la stratégie qui mettra la gazelle dans les starting-blocks, explique le dirigeant de 36 ans. « Il fallait nous détacher de la maçonnerie traditionnelle dans laquelle nous étions face aux artisans et aux pavillonneurs. » Ils choisissent de se spécialiser dans les bâtiments industriels. L’entreprise se voit confier en 2003 des chantiers à Garosud, un parc d’activités du sud de Montpellier. L’opération fait marcher le bouche-à-oreille et l’activité explose. « Nous proposons plusieurs corps d’état pour que le client n’ait qu’un seul interlocuteur : terrassement, gros œuvre, dallage et VRD. Notre force est cette polyvalence. »
Les deux dirigeants savent garder la tête froide et ne courent pas après le chiffre d’affaires. En 2007, l’entreprise poursuit son développement ; elle crée une activité de fondations spéciales : les pieux à béton. « Notre but est d’être polyvalents sur les marchés du bâtiment industriel. » L’entreprise se concentre sur cette activité et voit son chiffre d’affaires passer à 1,2 million d’euros en 2006 avec la volonté de maîtriser sa croissance. « Avant 1999, les ambitions étaient modestes, l’idée était de subsister », rappelle Christian Ferrini. Un immobilisme d’autant plus délicat à remettre en cause qu’il a permis à l’entreprise de durer depuis 1919, date à laquelle son arrière-grand-père a posé la première brique de ce qui deviendra Ferrini BTP. « Mais il fallait prendre ce risque, tout était réuni pour réussir. »
Depuis 1919, l’entreprise se transmet de père en fils. Le grand-père transforme l’entreprise en SARL et se lance dans les travaux publics. Le père en prend la tête en 1968 ; Christian Ferrini le rejoint en 1992 en contrat de qualification DECF (diplôme d’études comptables et financières) pour lui prêter main-forte sur la gestion et lui donner une impulsion nouvelle.
Aujourd’hui encore, le père demeure le gérant en titre de la PME, mais laisse la conduite du développement de l’affaire familiale au fils. Fin 2007, l’aventure continue. La PME pend la crémaillère dans les nouveaux locaux qu’elle vient de s’offrir à Vendargues.
