Etape à Pézenas Ombres et lumières

- Cette petite ville de 8 000 habitants bénéficie d'un patrimoine architectural exceptionnel. -Pour mettre cet atout en valeur, Pézenas tente de réorganiser sa périphérie et de préserver le secteur sauvegardé.

« C'est plus près que Caracas, est-ce plus loin que Pézenas ? » chantait Boby Lapointe, poète natif de la ville. Vue de la région parisienne où Boby Lapointe s'est fait connaître, Pézenas peut, en effet, paraître lointaine. La ville se situe à 15 km de la côte méditerranéenne, dans le département de l'Hérault, à la rencontre de la route de Béziers à Montpellier et du fleuve Hérault. En outre, elle se trouve au coeur d'un des plus grands vignobles du monde : plus de 100 000 ha, ce qui représente 14 % du vignoble français.

Pézenas ne compte que 8 000 habitants. « Mais nous sommes au coeur d'un pays rural de 40 000 habitants qui, depuis la période romaine, convergent vers notre marché », rappelle Alain Vogel-Singer, maire de Pézenas.

Car Pézenas, ville d'histoire, a connu des périodes riches en événements, notamment aux XVIe et XVIIe siècles. Le 21 juillet 1632, c'est dans la maison consulaire, située sur l'actuelle place Gambetta, que les états généraux du Languedoc décident de se rebeller contre la politique centralisatrice du cardinal de Richelieu. L'histoire se terminera par la mort du duc de Montmorency, meneur de la révolte, décapité place du Capitole à Toulouse.

En 1650, la troupe de Molière, de passage en Languedoc, est reçue par le gouverneur du Languedoc et devient sa troupe officielle. Molière restera dix ans à Pézenas et la légende raconte que c'est dans la boutique du barbier Gély, l'actuel office du tourisme, que l'auteur a puisé la plupart de ses histoires.

L'histoire a aussi marqué la gastronomie piscénoise : en 1768, l'un des cuisiniers de lord Clive, vice-roi des Indes, en visite à Pézenas, a donné aux Piscénois la recette des « petits pâtés ». Ces derniers se présentent sous la forme d'une bobine de pâte, fourrée d'une farce composée de viande de mouton, d'épices et de miel.

Le centre-ville reste très marqué par cette richesse historique. Il comporte d'abord une partie construite au Moyen Age : la butte du château avec, sur les flans, le ghetto juif du XVe siècle. Des ruelles étroites dévalent le long de la butte, et l'habitat y est dense.

A partir du XVIe siècle, les familles nobles et les riches commerçants vont bâtir de grandes maisons dans les faubourgs avec des cours intérieures et des escaliers majestueux. Sur le cours Jean-Jaurès, dans la rue Conti ou encore dans la rue Victor-Hugo, les hôtels particuliers aux balcons ouvragés et aux portes imposantes se succèdent encore aujourd'hui.

« La conservation de cet ensemble architectural d'un grand intérêt a été possible grâce à la création des secteurs sauvegardés en 1962 », explique Alain Vernet, architecte des Bâtiments de France du département. Progressivement, tous les hôtels particuliers ont été rénovés grâce à des fonds privés, dans le cadre de la loi Malraux.

La ville tente de continuer à protéger le secteur, mais rencontre des difficultés. Les habitants désertent en effet le centre-ville pour aller bâtir des pavillons à la périphérie. « Il faudrait que nous autorisions la construction de terrasses et de garages pour garder notre population, et cela n'est pas toujours compatible avec la préservation du patrimoine », regrette François Toulouse, architecte piscénois. Afin de trouver des solutions, la ville vient de participer à la création de la charte des villes à secteur sauvegardé avec Uzès, Carcassonne, Villeneuve-lès-Avignon...

Autre objectif : maîtriser et réorganiser l'extension périphérique. Si le coeur de la ville a été préservé, la périphérie, en revanche, n'a pas bénéficié de cet effort. L'aménagement d'une zone industrielle au sud, la construction de la déviation de Pézenas dans la plaine de l'Hérault ont été autant d'éléments de dégradation du paysage. En outre, l'extension urbaine très rapide de ces dernières années a abouti à un mitage de l'espace que la ville veut corriger. Un plan paysager, conduit par Alain Marguerit, architecte-paysagiste, a démarré en 1995 afin d'y remédier. Cette réflexion doit aussi intégrer l'arrivée prochaine de l'A75 à proximité de la ville. « Nous devons mettre la ville en valeur afin de donner aux automobilistes l'envie de s'arrêter et de renforcer le tourisme déjà important », explique le maire. D'ores et déjà, le clocher de la collégiale Saint-Jean pointant au milieu des vignes donne aux amoureux des vieilles pierres l'envie de s'arrêter.

BONNES ADRESSES

Office du tourisme, 1, place Gambetta, 34120 Pézenas ; tél. : 04.67.98.35.45.

Musée Vuillot- Saint-Germain, 3, rue Albert-Paul-Alliès ; tél. : 04.67.98.90.59.

Brasserie « Coté Sud », 12, place du 14-Juillet ; tél. : 04.67.09.41.74.

Hôtel-restaurant « Génieys », 9, avenue Aristide-Briand tél. : 04.67.98.13.99.

« Cabrol » (pâtisseries, petits pâtés de Pézenas), 41, cours Jean-Jaurès ; tél. : 04.67.98.13.32.

« David Dalichoux, Mosaïc arte » 2, rue Alfred Sabatier ; tél. : 04.67.98.90.41.

PHOTOS :

1. L'Hôtel de Lacoste : la cave avec l'escalier et le départ du grand escalier. (XVe siècle).

2. Une porte ancienne sculptée dans le centre ville.

3. La salle à l'italienne du théâtre de Pézenas.

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