Des règles pour la durabilité des structures

-L'utilisation de structures en bois, exposées aux intempéries, se traduit par des désordres lorsque les ouvrages sont mal conçus. -Dominique Daguzé, gérant du cabinet Bois Concept Etudes Expertises (BC2E), estime nécessaires des protections et donne ici son avis.

Vous estimez que les architectes ne doivent pas laisser du bois structurel à l'extérieur, sans protection.

Le bois est un excellent matériau. Encore faut-il l'utiliser à bon escient et tirer les leçons des désordres constatés sur les ouvrages exposés aux intempéries, même très partiellement.

Un traitement en autoclave de classe 4 ne suffit pas à donner aux structures en bois une réelle durabilité quand elles sont exposées aux intempéries. Le maître d'ouvrage doit s'astreindre à un entretien régulier avec une lasure de couleur foncée qui résiste mieux aux ultraviolets, en observant une périodicité de deux ans pour les parties exposées au sud et à l'ouest, et de quatre ou cinq ans pour les autres expositions. En outre, signalons que les traitements en autoclave sont, dans la plupart des cas, appliqués aux lots de bois massif : une fois rabotées, les pièces voient leur classe chuter d'un demi-point, voire d'un point. Seuls les bois naturellement durables comme le robinier, le chêne et le châtaignier sans aubier, ou des bois exotiques comme l'iroko et le doussié n'ont, en principe, pas besoin d'être protégés.

Quelles sont les dispositions à observer lors de la conception d'un ouvrage en bois ?

Elles sont très nombreuses. Les concepteurs doivent savoir qu'une pièce structurelle exposée risque de présenter une hygrométrie supérieure à 15 %, et doit être surdimensionnée en conséquence, selon les règles de calcul CB 71. Les bois utilisés doivent être durables, naturellement ou par traitement de classe 3 ou 4. Ensuite, il faut éviter que des éléments structurels soient alternativement exposés à la pluie et au soleil (expositions sud et ouest), et surtout éliminer toute disposition entraînant une rétention d'eau, notamment au niveau des assemblages. Seules les structures inclinées à plus de 45°, qui favorisent l'écoulement des eaux pluviales, peuvent être exposées. Il faut également protéger systématiquement par un capot les extrémités des pièces (bois de bout), qui reprennent très facilement l'humidité, et respecter une distance minimale de 20 cm entre le sol et le pied des poteaux.

En partie haute, prévoir des avancées de toiture proportionnelles à la hauteur des éléments horizontaux (poutres, bandeaux) permet de les protéger efficacement et d'abaisser leur classe de traitement, comme l'illustre l'exemple du pont de Saint-Gervais-sous-Meymont, traité en classe 2 au lieu de classe 4.

Cette disposition ingénieuse, qui réduit le coût du traitement initial et limite l'entretien, devrait être systématiquement appliquée aux passerelles en bois, autant pour des questions de durabilité de l'ouvrage que de confort des usagers.

Quelles sont les règles à suivre dans le cas d'une intervention sur des ouvrages existants ?

Tout d'abord, il faut procéder à une investigation qui déterminera la nature et les causes précises des dommages afin de pouvoir y remédier. Lorsqu'ils excèdent un sixième de l'épaisseur de la pièce, les gerces sur bois massif et les décollements de pièces en lamellé-collé doivent être traités après nettoyage par injection de résine époxydique. Cette opération doit être menée en été (saison sèche), quand les interstices sont les plus larges.

Le traitement de pièces pourries demande une purge et un traitement curatif de classe 3. Pour renforcer les éléments de faible section, je préconise la solution des platines métalliques vissées dans les parties saines. La technique de renforcement par de la résine armée de fibres doit être réservée aux structures de section importante ne risquant pas d'être affaiblies par les usinages nécessaires à sa mise en oeuvre.

D'une façon générale, des éléments structurels ainsi traités devront être protégés par un capotage métallique ou un bardage de bois traité classe 3, en veillant à ménager une lame d'air, afin d'éviter toute recrudescence des désordres.

Quel conseil peut-on donner à un maître d'ouvrage non expérimenté dans la construction bois ?

En l'absence de qualifications spécifiques, j'incite les donneurs d'ordre à s'assurer des compétences des concepteurs et entreprises en examinant leurs anciennes réalisations : il est encore fréquent que l'on conçoive de façon identique un assemblage protégé ou exposé aux intempéries, ou que l'on utilise pour des structures extérieures des essences non durables comme l'épicéa (au mieux classe 2 avec traitement). Ces pratiques conduisent inévitablement à des dommages.

En l'absence de réelles garanties, mieux vaut proscrire l'utilisation du bois structurel à l'extérieur !

PHOTO : Des avancées de toiture proportionnelles à la hauteur des éléments horizontaux, en partie haute, protègent efficacement les ouvrages et abaissent leur classe de traitement. Le pont routier couvert de Saint-Gervais-sous-Meymont (Puy-de-Dôme) est traité en classe 2 au lieu de la classe 4 (conception Dominique Calvi).

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