Le réseau Borne & eau entre dans sa dernière ligne droite, du Havre à Nogent-sur-Seine. Un chiffre résume le service rendu par l’investissement de 9,24 M€ : par rapport aux groupes électrogènes traditionnellement utilisés par les mariniers lorsqu’ils stationnent leurs bateaux, les bornes réduisent les émissions de CO2 d’un facteur 15.
Marchés subséquents
« La fin des vibrations et des impacts sonores s’ajoute au bénéfice pour la qualité de l’air », complète Antoine Berbain, directeur d’Haropa Port, co-maître d’ouvrage aux côtés de la direction territoriale Seine de Voies Navigables de France.
Signataire, en 2021, d’un accord cadre pour des marchés subséquents passés en fonction des besoins locaux, le tandem composé de Bouygues Energie Services et du fabricant d’armoires électriques Depagne a dessiné quatre types de bornes en fonction des contextes. La plus classique équipe les sites industriels ; pour les ports fondus dans les villes, le second modèle porte le nom de Source Alu ; à Paris, la concertation avec l’architecte des bâtiments de France a conduit à développer un totem cylindrique. Enfin, là où l’affleurement présente des risques, l’offre de Borne & Eau intègre une version escamotable.
Usages partagés
Pour mettre en place l’application numérique qui relie les usagers aux gestionnaires, le tandem d’adjudicataires a mobilisé 2I Process. Une gestion technique centralisée pilote la délivrance de l’eau et de l’électricité. « En cas de panne, le contrat de maintenance garantit nos interventions en 24 h », précise Franck Bonnefond, directeur commercial de Bouygues Energie Services.
A côté d’un city stade et d’une médiathèque municipale dans un nouveau quartier, la borne de type Source Alu, inaugurée le 3 juin à Choisy-le-Roi, s’intègre dans un « quai à usages partagés ». L’équipement s’adresse aux industriels autant qu’aux croisiéristes.
Cofinanceur du réseau Borne & Eau et du quai réalisé par Haropa Port avec l’agence de paysage Urbicus, la région Ile-de-France confirme son soutien à cette nouvelle famille d’infrastructures portuaires intégrées à la ville, souvent utilisées pour l’alimentation des chantiers de construction ou pour la logistique du dernier kilomètre. Autour de Choisy-le-Roi, Orly s’est récemment équipée, et un nouveau chantier se prépare à Vitry-sur-Seine. « Il faut continuer à augmenter les capacités portuaires d’Ile-de-France, partout où les besoins existent », exhorte Antoine Berbain.
Modèle européen
« Borne & Eau témoigne d’une coordination rare et précieuse entre les ports, le gestionnaire des voies navigables et les usagers, mais aussi entre les logisticiens et les urbanistes. Cela aide au changement de regard sur les infrastructures, vues comme une solution, et non comme un problème », salue Barbara Bernardi, directrice de l’innovation à l’Agence européenne des infrastructures et des réseaux (Cinea). Bruxelles a contribué au financement du réseau français dans le cadre de son Mécanisme d’interconnexion en Europe (MIE).
« Ce type de projets répond aux objectifs de notre programme pour des solutions alternatives dans le transport fluvial, cofinancé par des fonds publics et privés », ajoute Barbara Bernardi. Elle voit dans Haropa Port un exemple à suivre, dans un paysage portuaire européen encore marqué par la compétition entre les sites, à l’intérieur d’un même bassin fluvial.
Deux grands chantiers sur les sites portuaires de la Seine
Dans sa course à la décarbonation des sites portuaires de la Seine, Haropa Port pilote deux grandes opérations.
Au Havre, « le premier port à conteneurs de France souffrait de l’absence d’accès fluvial direct. Nous réglons le problème », annonce Antoine Berbain, directeur d’Haropa Port. Baptisée La Chatière, l’opération de 200 M€ a commencé en décembre 2024 en vue d’une livraison en 2027.
Le 25 septembre prochain près du confluent entre la Seine et l’Oise, Antoine Berbain posera la première pierre de Port Seine Métropole Ouest (PSMO). « On y travaille depuis 10 ans », rappelle le directeur. Jusqu’en 2027, la première phase de travaux comprendra l’ouverture de la darse et la viabilisation des premiers terrains soumis à amodiation.
La logistique du BTP constitue la cible majeure de ce nouveau port du Grand Paris, développé sur 100 ha, conçu par Safege avec la participation de l’agence de paysage Ubiscus. Le maître d’ouvrage annonce la notification des marchés de travaux et de maîtrise d’œuvre d’exécution pour cet été.