A Versailles, dans le parc des diaconesses de Reuilly, la nouvelle chapelle de la petite communauté protestante semble surgir entre les arbres dominant le quartier Saint Louis. Avec ce projet, Marc Rolinet utilise habilement la déclivité naturelle du terrain pour renouveler la topologie d’un lieu de culte traditionnel. Perpétuant une tradition qui lie les congrégations religieuses à l’architecture contemporaine, la communauté souhaitait un sanctuaire du XXIe siècle, ouvert sur le monde, lumineux. Avec le dessin d’une double enveloppe transparente, c’est un cloître extérieur qui vient s’ancrer sur les deux niveaux d’un socle de béton ciré. La première enveloppe est une peau de verre agrafée sur une structure en acier galvanisé dont les sections ont été optimisées grâce au choix d’un verre feuilleté particulièrement léger et isolant. Cette verrière abrite une seconde enveloppe, plus singulière, la chapelle en elle-même, coque de bois ajourée, cryptique et lumineuse à la fois, dont la forme incite au recueillement. Entre ces deux peaux, la rampe en pente douce et les emmarchements qui relient les deux niveaux du bâtiment dessinent un déambulatoire à l’image du narthex et des collatéraux des premières églises. Avec une entrée haute pour les diaconesses et un accès bas pour le public, les fidèles et les membres de la communauté viennent s’y rassembler. Cet espace intermédiaire où s’accomplit la transition entre le monde réel et l’espace du sacré joue aussi le rôle de filtre climatique, protégé des rayons directs du soleil par les lames de bois d’un brise-soleil couvrant la toiture vitrée. Une centrale d’air couplée à une pompe à chaleur assure le traitement de l’air ambiant, diffusé au pied des façades. La résille de bois de la chapelle associe technologies modernes et savoir-faire traditionnels. Si le concept a pu être validé et dessiné grâce à un puissant logiciel d’analyse non linéaire, le projet s’est ensuite affiné et matérialisé grâce à la réalisation d’une maquette de bois au 1/10 et de croquis d’intention qui ont guidé les charpentiers – aucun dessin d’exécution n’a été réalisé – les lames de pin de 2 x 6 cm pour une longueur maximum de 8 m ayant été cintrées individuellement dans une étuve installée sur le chantier pour être ensuite assemblées en trois couches croisées sur un gabarit de contreplaqué.



